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[Interview] Tina Dico présente Whispers: “Composer c’est un moyen d’extérioriser tout ce que je vois, et toutes mes réflexions.”

[Interview] Tina Dico présente Whispers: “Composer c’est un moyen d’extérioriser tout ce que je vois, et toutes mes réflexions.”

13 January 2015 | PAR Marie Charlotte Mallard

Tina DICO, jeune artiste Danoise sort en janvier 2015 son nouvel album intitulé « WHISPERS ». Influencée très largement par Léonard Cohen, Bob Dylan ou encore Tracy Chapman, elle nous livre un album folk intimiste, tout en émotion, aux couleurs subtiles amenées par des mélodies chaleureuses et une voix suave, chaleureuse et envoûtante. 

Le mouvement « folk revival », est à la base contestataire, est-ce que c’est ce qui vous a attiré dans la folk où est-ce la langueur des tempos, l’intimité acoustique ou la proximité qu’elle peut apporter avec le public ?

Oui, il est vrai qu’au départ, dans les années 60, la folk était protestataire, il y avait de manière générale cette idée de vouloir construire un monde meilleur, un message que délivrait la folk.  Les artistes véhiculaient des discours particuliers, des messages de paix, parlaient de questions sociales, comme avec Bob Dylan. Alors que j’étais juste une petite fille cela m’interpellait énormément car c’était un mouvement immense, et surtout très fort, il y avait quelque chose d’à la fois intimidant et intime. On pouvait sentir que ces artistes voulaient vraiment faire bouger les choses et promouvoir quelque chose de différent.

Votre musique n’est pas contestataire, comment décririez-vous votre folk ? Y-a-t-il une forme d’engagement néanmoins chez vous ?

La musique que je joue est plus intime, mon engagement est personnel, il n’y a pas de revendication où de message politique particulier comme ceux délivrés par les artistes des années 60, j’écris sur des émotions, des sentiments, des sensations. Je pense qu’une bonne chanson est une chanson qui touche et parle au maximum de gens, et ce n’est pas tant l’engagement pour telle ou telle cause qui compte, c’est le fait qu’elle parle au plus grand nombre. J’espère faire en sorte que les gens en écoutant ma musique se sentent différents dans leur vie, que cela leur apporte quelque chose, qu’ils arrivent à se retrouver dans mes mots, à s’identifier et se laisser porter par ma musique. Il y a quand même un message, une pensée réflexive sur soi-même, sur le monde. J’écris au sujet des émotions, des sentiments, je ne suis pas dans la protestation mais je dirais que je donne à réfléchir.

La folk c’est aussi un cheminement, elle parle de la dureté de la vie tout en prenant du recul, on retrouve toujours dans vos chansons une légère mélancolie, un jeu entre ombre et lumière, pourquoi cette nostalgie ?

C’est parce que je vois l’ombre et la lumière tout le temps, et que les deux m’interpellent et m’interrogent.  Je ne suis pas une personne plus heureuse ou plus nostalgique qu’une autre, j’essaie juste de mettre en avant les contradictions du monde, nos contradictions intérieures. Je les vois partout et j’essaie de les briser dans mes chansons. Je pense également que je suis très empathique, que je suis sensible, que j’absorbe beaucoup et surtout je réfléchis énormément, parfois même un peu trop. Composer c’est un moyen d’extérioriser tout ce que je vois, et toutes mes réflexions.

Votre album est profondément humain et traite beaucoup des vicissitudes des relations amoureuses, de la solitude, pour vous se sont des questionnements essentiels où quotidiens ?

La solitude n’est pas quelque chose de négatif pour moi, c’est un positionnement même plutôt positif, un moment où l’on se recentre, ou l’on réfléchit. C’est quelque chose de naturel, je pense que c’est là depuis que je suis petite, je suis dans ma bulle, j’observe,  je me sens un peu en dehors, je prends du recul, et pour moi ça a quelque chose de positif. C’est pour cela qu’elle est dans ma musique. Concernant l’amour, je n’ai pas l’impression qu’il y en ait tant que cela, mais il est vrai que c’est un retour que l’on me fait souvent. Je pense que mes titres peuvent parler différemment selon les personnes qui les écoute et leur histoire.

Tina Dico – Drifting from Tina Dico/Dickow on Vimeo.

Vous êtes danoise, la folk à la base vient du folklore anglo-saxon, essayez-vous d’y ajouter  quelques marques de la culture musicale danoise ?

Je pense qu’il n’y a pas énormément de références à la culture danoise dans ma musique. Mais il y a probablement quelque chose de très scandinave, quelque chose de perfectionniste, d’épuré, de carré, de droit. Il y a peut-être un peu de la rigueur scandinave, le côté simpliste du design. La tradition folk américaine est plus souple, plus swing, moins propre, plus vivante peut-être. C’est ce que je travaille beaucoup, j’essaie de me détacher de ces racines scandinaves.

Cette rythmique à quelque chose d’hypnotique avez-vous conçu votre album comme un fil continu ? 

Je crois que pour cette fois oui. Ca n’a pas été un album difficile à composer pour moi. Il est vrai que tout s’est fait très facilement, calmement. Je savais que je voulais faire quelque chose de très simple, dans les mélodies, et dans le feeling, dans les sentiments, c’était définitivement pensé dès le début. The Woman Downstairs est ma préférée, elle est tellement simple, tellement facile à entendre, tellement naturelle. Dans certaines chansons je voulais mettre en valeur la voix et dans d’autres le texte, comme avec Whispers où le texte est peut-être moins important mais où la voix revêt tout le feeling de la chanson. De manière générale, je ne suis pas de ceux qui composent n’importe quand, n’importe où, j’ai besoin de me sentir dans un projet complet. Je collecte beaucoup de choses et cela se révèle dans la conception d’un album, cela me permet de me concentrer entièrement.

Vos inspirations lorsque vous composez sont-elles uniquement soul& folk ou vôtre imaginaire musical fait-il appel aussi à d’autres styles ?

Oh oui bien évidemment, ce qui m’interpelle ce n’est pas tant le style que les voix. Je suis par exemple une fan de Rihanna. J’aime également beaucoup Alt-J, Chris Martin, Tommy Hawks….

Quels sont vos prochains projets ?

Je reviendrais en février à Paris pour un concert. Pour ce qui est de projet d’album c’est encore un peu tôt mais j’aime travailler sur des projets variés. Je suis mariée en islande à un musicien, et j’aime aussi travailler avec lui sur ces projets.

‘Drifting’ – Solo Acoustic from Tina Dico/Dickow on Vimeo.

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Marie Charlotte Mallard
Titulaire d’un Master II de Littérature Française à la Sorbonne (Paris IV), d’un Prix de Perfectionnement de Hautbois et d’une Médaille d’Or de Musique de Chambre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Cergy-Pontoise, Marie-Charlotte Mallard s’exerce pendant deux ans au micro d’IDFM Radio avant de rejoindre la rédaction de Toute la Culture en Janvier 2012. Forte de ses compétences littéraires et de son oreille de musicienne elle écrit principalement en musique classique et littérature. Néanmoins, ses goûts musicaux l’amènent également à écrire sur le rock et la variété.

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