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Smoking Joséphine aux rencontres musicales de Cambrai

Smoking Joséphine aux rencontres musicales de Cambrai

16 July 2019 | PAR Victoria Okada

Créé il y a quatre ans, le Festival Rencontres Musicales de Cambrai s’est très vite imposé dans le paysage culturel des Hauts-de-France. Pendant 10 jours (la 4e édition s’est déroulée du 5 au 13 juillet), des musiciens (instrumentistes et chanteurs) habitués de scènes internationales y viennent pour offrir des concerts conviviaux à des lieux patrimoniaux de la région (Théâtre art-déco de Cambrai, Eglise Saint-Géry Abbaye de Vaucelles…) Parallèlement, tout au long de la saison, différents projets mobilisent l’équipe et des musiciens pour un travail de fond, en allant à la rencontre des publics scolaire ou éloigné de la culture.

Le 9 juillet dernier, le quintette à cordes 100 % féminin Smoking Joséphine  (composée pour ce concert de Geneviève Laurenceau et Olivia Hughes, violon ; Léa Hénino, alto ; Hermine Horiot, violoncelle ; Laurène Durantel, contrebasse) était au Théâtre de Cambrai, rejoint par trois instrumentistes de vent. Ce derniers sont des « poids lourds » : David Guerrier (cor), Pierre Génisson (clarinette) et Lola Descours (basson) fraîchement récompensée par le 4e prix au prestigieux Concours Tchaïkovsky à la fin du mois de juin.

Smoking Joséphine a été fondé en 2016 par la violoniste Geneviève Laurenceau, soliste invitée de nombreuses grandes salles du monde. Elle est par ailleurs directrice artistique du Festival de Musique d’Obernai, et chargée, depuis la saison 2017/18, des master-classes de violon à l’« Académie Jaroussky » à la Seine musicale. Le groupe tourne « s’affranchissant des codes et du cérémonial des concerts classiques », avec de véritables spectacles qui réunissent des pièces connues ou des « tubes » dans un bel arrangement.

Le programme de ce soir est de taille, à l’image de ces musiciens du premier plan : Till Eulenspiegels de Richard Strauss (arrangement pour quintette à cordes et vents de Franz Hasenohrl), le Septuor en mi bémol majeur op. 20 de Beethoven et l’Octuor en fa majeur D. 803 de Schubert. C’est le tout nouveau programme pour cette formation qui présente pour la première fois au public. Malgré une inévitable tension de la première, une bonne ambiance amicale règne dès que les musiciens apparaissent sur la scène. Ainsi, la soirée s’annonce prometteuse.

Les deux œuvres dans la première partie sont très différentes par style et par caractère, mais indéniablement, les variations des timbres et de couleurs les marquent de multiples façons. La transcription du poème symphonique est en réalité une réduction sur le plan d’effectif et de temps d’exécution, et sintitule Till Eulenspiegels – Einmal Anders ! Elle tient compte d’effets orchestraux de la version originelle, notamment les vents espiègles (les thèmes de Till exposé par le cor et la clarinette) et les cordes tantôt onctueuses tantôt nerveuses, jusqu’aux trémolos qui remplacent le roulement de tambours au moment du procès de Till. David Guerrier et Pierre Génisson sont désinvoltes dans les thèmes de Till, à quoi s’ajoute un aspect comique au basson de Lola Descours.
Dans le Septuor de Beethoven, la beauté formelle et la clarté du discours sont mises en avant par les musiciens, dans une humeur joyeuse et juvénile. On sent cependant qu’ils s’épargnent quelque peu pour le clou du concert, l’Octuor de Schubert dans la deuxième partie.

Smoking Joséphine est au grand complet pour cette dernière œuvre. Pendant une heure environ, sept musiciens font preuve d’une merveilleuse complicité pour cette quasi-sérénade. Outre la virtuosité de Geneviève Laurenceau, la contrebassiste Laurène Durantel a une belle présence, ce qui était déjà le cas dans la première partie. L’« Allegro vivace » et l’« Andante et variations » sont particulièrement plaisants, dégageant une énergie communicative dans le premier et une grâce joviale dans le dernier. Cette joie est contagieuse, et entre les musiciens et le public, toute la salle se sent heureuse en compagnie de belle musique !

Visuels © Vincent Bertin

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