Musique

Mono (Post-rock) à la Maroquinerie le 14 mars

17 February 2010 | PAR Mikaël Faujour

Auteur d’un album de toute splendeur au printemps 2009, Hymns to the Immortal Wind, le groupe japonais Mono sera de passage à la Maroquinerie. Les avisés ne louperont sûrement pas cette occasion de voir cet excellent quartet de rock instrumental. Les autres feraient bien de se pencher sur ce groupe remarquable.

Le genre dit « post-rock » pouvait paraître comme une impasse au début des années 2000, après que Tortoise, Mogwai, Sigur Rós et Godspeed You ! Black Emperor en avaient fixé les grandes lignes… et ce que l’on tenait pour les limites. Fusionnant ambient, rock progressif – plus pour le caractère évolutif et allongé des morceaux que pour la technicité –, noise rock, parfois même jazz, electro ou la musique expérimentale à la Art Zoyd, le post-rock (genre très majoritairement instrumental) semblait voué à la redite de morceaux étirés et de gradations de l’accalmie à la furie tempétueuse et retour.

Cela est partiellement vrai – ce qui n’a pas empêché la décennie 2000 de voir émerger des groupes à la musique très intérieure, mentale de Migala ou Explosions In the Sky jusqu’aux Red Sparowes ou Pelican, en passant par A Silver Mt. Zion, projet parallèle de Godspeed You ! Black Emperor… Dans une certaine mesure, cela a permis d’ouvrir un champ de créativité plus largement : celui du rock instrumental, l’impératif de paroles étant délaissé, au profit d’une narrativité plus suggestive qu’explicite.

À la réécoute de ses divers albums, le groupe japonais Mono est clairement l’un des plus passionnants groupes de rock instrumental. Et son dernier effort studio, paru au printemps 2009 est sûrement l’une des plus belles réussites de la décennie en la matière. Hymns to the Immortal Wind, qui a la particularité de voir le quatuor étoffer sa musique à la base rock (guitare, basse, batterie, parfois piano) d’un orchestre aux cordes pénétrantes, développe là des compositions très émotionnelles, cinématographiques (le guitariste Takaakira Goto cite d’ailleurs Lars Von Trier et son Breaking the Waves comme une influence pour la musique du groupe), un terreau pour la rêverie.

Avec une sensibilité mélodique que l’on reconnaît nettement comme nippone, le rock étiré de Mono exprime la mélancolie avec des nuances d’une rare finesse, tantôt orageuse, profonde, élémentaire, tantôt trouée d’espérance lumineuse mais fragile. On sent encore l’influence de Mogwai et on se demande par instants si l’élève n’a pas égalé le maître.

Ce seul album justifie le déplacement – même si le groupe ne jouera pas avec un orchestre symphonique (ce qui serait une gageure à la Maroquinerie et induirait un renversement de l’espace scène/salle) – au concert du 14 mars. Le groupe n’utilise cependant pas un orchestre pour donner du volume à des compositions étiques – et c’est bien pourquoi il reste un groupe à voir sur scène. Sa discographie, qui comporte d’autres gemmes (dont One Step More And You Die en 2002, ou You Are There en 2006). Nous y serons.

La Maroquinerie, 14 mars, 19h30
23, rue Boyer, Paris Xe
M° Ménilmontant
Tarif : 22€

Infos pratiques

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Mikaël Faujour

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