Lena Deluxe : “J’ai appris à mettre plus de “Santai” dans ma vie” (Interview)
Santaï est le nouvel album de la guitariste et chanteuse lilloise Lena Deluxe. Ce disque passionnant aux inspirations psyché, pop et tribales est le fruit d’un grand voyage initiatique sur l’île de Java en Indonésie aux contacts des musiciens locaux. L’album a été travaillé en étroite collaboration avec le guitariste indonésien Ipir Nur Setiyo. Lena Deluxe donnera d’ailleurs une release party à la Bulle Café de Lille le mercredi 20 septembre 2023.
Toute la culture : Vous sortez un nouvel album intitulé Santaï. Un album composé et enregistré en Indonésie et dans lequel les chansons alternent entre le français, l’anglais et l’indonésien. Pourquoi avez-vous choisi de vous exiler en Indonésie ?
Lena Deluxe : Je suis partie en voyage quelques mois dans plusieurs pays d’Asie en mode sac à dos. J’étais à la recherche de nouvelles inspirations et de découvertes et lorsque je suis arrivée en Indonésie, je me suis installée dans une communauté d’artistes locaux. C’est comme ça que j’ai rencontré Ipin Nur Setiyo, le guitariste avec qui j’ai fait cet album. On a improvisé un soir et son jeu de guitare et sa personnalité m’ont vraiment marqué. J’ai continué mon voyage et quelques mois plus tard avant de rentrer en France, j’avais envie de garder une trace de ce voyage, je lui ai proposé de revenir et faire un album ensemble. Et il a accepté !
Que représente l’Asie pour vous ?
Beaucoup de rencontres inspirantes !
Les chansons de l’album donnent presque des envies d’évasion. Est-ce qu’au fond, cet album marque un changement de direction artistique pour vous qui avez démarré votre carrière en 2015 ?
Oui, le fait de collaborer avec des musiciens indonésiens a forcément impacté ma direction artistique. L’album garde cette empreinte 60’s psychédélique qu’on trouvait déjà dans mon premier album, mais avec, cette fois-ci, l’influence de la musique traditionnelle indonésienne.
Quels sont les thèmes ou les sujets que vous vouliez mettre en avant à travers ces huit titres ?
Ce voyage m’a beaucoup transformé et marqué sur certains sujets et cela a eu une influence directe dans les paroles. Je parle de l’homme qui détruit la nature dans Animals, de sujets féministes, comme les injonctions contradictoires que les femmes subissent dans Gueule de Loup. Je parle de santé mentale et de résilience dans Respire.
Comment s’est passée la collaboration avec ton guitariste Ipin Nur Setiyo ?
J’ai donc rencontré Ipin dans la communauté d’artistes où je vivais. C’était une rencontre un peu mystique. Quand on a joué ensemble la première fois, j’ai eu la sensation qu’on se connaissait depuis longtemps. Je n’aurais pas fait cet album si je ne l’avais pas rencontré. C’est lui qui m’a présenté aux autres musiciens. Nous avons loué une maison un peu isolée dans la jungle sur une colline pour pouvoir répéter avec le groupe sans gêner les gens du village. On partait souvent d’une impro ou d’un riff. Parfois, j’avais déjà une suite d’accords en tête et l’on improvisait ensemble autour. Tout s’est fait en très peu de temps. Mis bout à bout, il y a eu une semaine de création et une semaine pour tout enregistrer là- bas. Puis j’ai fini les voix et le reste des arrangements en France à mon retour.
Qu’avez-vous appris à ses côtés ?
J’ai appris à mettre plus de “Santaï” dans ma vie. C’est une expression qui veut dire relax, cela veut dire prendre le temps de vivre le moment présent, ne pas stresser pour des choses inutiles. C’est une certaine liberté qu’on acquiert en se libérant de la pression.
Santaï, c’est bien plus qu’un mot, c’est une philosophie de vie et il me le répétait tous les jours pendant l’enregistrement. Du coup, c’était évident d’appeler l’album comme ça.
Image en une : © Audrey Jean.
