Le rachat d’EMI par Universal : le marché du disque chamboulé
Ça y est : après l’accord le 21 septembre des autorités de la concurrence européenne et américaine, Universal Mobil Group (UMG) a finalisé vendredi le rachat du groupe britannique EMI, pour 1,4 milliard d’euros, moyennant quelques concessions. Que va réellement acquérir la filiale du groupe français Vivendi, Universal Mobil Group (UMG) ?
Selon les dires de Pascal Nègre, patron d’Universal France, le leader en matière de production musicale rachète les deux-tiers d’EMI, marque britannique qui représentait jusque là un “rêve” pour tout amateur de musique anglais. Electric and Musical Industries ont été depuis leur création en 1931 première compagnie mondiale de disques, jusqu’à la fin des années 90 où la marque perd des places, essuie des échecs de tentatives de fusion avec Warner Music, et perd des pièces de taille comme les Stones ou Radiohead. Sony Music avait déjà acquis en avril dernier l’aval de l’Union européenne pour reprendre la partie “droits éditoriaux” d’EMI, Universal reprend cette fois la partie “recording” (production de disques), ce qui le hisse au rang de troisième puissance mondiale dans le domaine de la production musicale. Le groupe devient propriétaire de trois plus gros marchés mondiaux, les Etats-Unis (et l’ensemble du catalogue américain d’EMI, dont le label Capitol qui comprend les Beach Boys et Katy Perry), le Japon et l’Allemagne. Pour le reste, la société accroît ses catalogues d’artistes, notamment EMI Arabia qui contrôle l’ensemble de la musique arabe depuis le début du XXe siècle, et en Grèce le label Minos/EMI qui gère entre autres Theodorakis, Nana Mouskouri et Maria Farantouri.
Mais ce statut de toute-puissance n’est pas toléré par la Commission européenne puisqu’aucun groupe ne doit dépasser 40% des parts de marché, et Universal doit de se séparer d’un certain nombre de ses acquis, dont le principal est EMI Recording Limited. En Angleterre d’abord, le géant sera contraint de se séparer du label Parlophone, qui abrite entre autres le catalogue des Pink Floyd, Blur, Gorillas, Coldplay; il doit aussi revendre EMI en France, en Espagne et au Portugal (tout le catalogue du fado), et le prestigieux catalogue d’EMI France qui va être redécoupé (Renaud, Françoise Hardy, Daft Punk, Air, Camille, Etienne Daho, Stéphane Eicher, Mano Negra, Manu Chao, et des artistes comme Edith Piaf, Charles Trenet, Charles Aznavour).
Si bon nombre de catalogues sont insécables, Universal a quand même réussi à garder des artistes comme les Beatles du label anglais Parlophone, ou Robbie Williams du label Chrysalis (qui gère aussi The Ramones).
La commission européenne exige que les deux-tiers de ces rétrocessions soient cédées à un acteur unique : Sony Music et Warner semblent bien indiqués pour cela. Les producteurs indépendants seront les grands laissés pour compte de ces actions, n’ayant pas les moyens de racheter des lots d’EMI.