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César 2021 : une cérémonie qui fait du bruit

César 2021 : une cérémonie qui fait du bruit

15 March 2021 | PAR Anaëlle Padé

L’image la plus symbolique de cette 46ème cérémonie des César n’avait rien de fictionnelle ni de cinématographique, elle était bien réelle ; le corps nu de l’actrice Corinne Masiero réifié en porte-parole du mouvement contestataire émanant de la culture et des arts.

Qui est Corinne Masiero ?

Ce n’est pas la première fois que Corinne Masiero interpelle le public. Connue pour son franc-parler, son intervention aux César 2020 avait déjà fait parler d’elle. Elle avait notamment souligné le manque de diversité dans l’industrie cinématographique française en dénonçant la toute-puissance « des bourgeois hétéros catholiques blancs de droite ». Membre du parti communiste français depuis 2003, elle se fait, par le biais de sa notoriété d’actrice, porte-parole de multiples revendications politiques. Elle joue dans la série télévisée Capitaine Marleau diffusée sur France 3 et a déjà été nommée aux César en 2013 dans la catégorie meilleure actrice pour son interprétation dans le film Louise Wimmer.

Une intervention remarquée

Invitée pour remettre le prix du meilleur costume, Corinne Masiero fait son entrée sur scène vêtue du costume de Peau d’âne (film réalisé par Jacques Demy en 1970). L’actrice a évoqué l’impossibilité de trouver des financements pour réaliser un film portant sur un tel sujet – une princesse forcée d’épouser son père – dans la société actuelle. L’actrice ironise ; le CNC pourrait probablement financer le film. Cette remarque fait délibérément écho à l’affaire qui a saisi le CNC il y a quelques mois. En effet, Dominique Boutonnat, président du Centre National du Cinéma et de l’image animée, a été placé en garde à vue après avoir été accusé d’agression sexuelle et de tentative de viol par son filleul de 22 ans. L’actrice, à la fin de son discours, a retiré sa robe ensanglantée. Des slogans politiques étaient écrits sur son corps nu en lettres noires « No culture, no future » et « Rends-nous l’art, Jean. »

De multiples revendications

Cette cérémonie était celle de l’engagement. Les remettants des prix et les vainqueurs de la soirée ont souligné l’urgence de la réouverture des salles et de la reprise des activités culturelles et artistiques. Le secrétaire général de la CGT est intervenu sur scène pour le rappeler tout en faisant écho aux occupations des théâtres qui se multiplient en France. Les saillies de la maîtresse de cérémonie, Marina Foïs, ont mis le gouvernement (particulièrement Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture) face à ses contradictions en rappelant que celui-ci, à la période de Noël, avait fermé les salles de spectacle alors que les centres commerciaux et les grands magasins étaient restés ouverts. Le débat sur l’essentialisme des arts et de la culture a été ramené à sa dimension la plus pragmatique. La culture et l’art permettent de faire vivre. Point. Il ne s’agit pas de se poser la question de l’utilité de l’art dans une société. Il s’agit de permettre aux gens de vivre décemment.

Un nouveau ton qui provoque de vives réactions

La politisation de la cérémonie des César n’est pas nouvelle. Elle a été amorcée lors de la cérémonie précédente présentée par l’humoriste Florence Foresti. Adèle Haenel et Céline Sciamma, respectivement actrice et réalisatrice Du portrait de la jeune fille en feu, avaient quitté la salle indignées suite à la remise du prix de la meilleure réalisation pour Roman Polanski (il était alors accusé de plusieurs viols). La cérémonie des César bouleverse ses codes et renouvelle, aussi, le ton de la soirée. L’intervention la plus légère et festive fut celle du Splendid venu récupérer un César d’honneur. Lors d’interviews, l’un des acteurs de la troupe, Gérard Jugnot, a notifié l’ambiance lourde et pesante de la cérémonie. Dans son billet matinal sur France Inter, Sophia Aram critiquait plus vivement les discours des célébrités qui se prennent pour « des révolutionnaires de gala ». Elle reproche l’engagement partiel des acteurs valorisant leurs propres intérêts.

Crédit ©Laetitia Larralde

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Anaëlle Padé

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