Fictions
« C’est plus beau là-bas » de Violaine Bérot : Là-bas, tout est neuf et tout est sauvage

« C’est plus beau là-bas » de Violaine Bérot : Là-bas, tout est neuf et tout est sauvage

19 January 2023 | PAR Julien Coquet

Enigmatique roman politique que ce C’est plus beau là-bas, dans lequel un professeur d’université se retrouve enlevé par les forces étatiques.

Ça rappelle les heures sombres : dès les premières pages, l’angoisse est là. Celle d’être enfermé à plusieurs centaines dans un immense entrepôt, celle d’avoir été raflé, celle de ne pas connaître ses voisins qui ont subi le même sort. Et, surtout, celle de ne pas connaître le motif de cette arrestation. Le narrateur, qui se parle à la deuxième personne du singulier, pour qui tout semble aller, n’en revient pas : « et comment est-ce possible, tu n’arrives pas à le comprendre, comment est-ce possible dans ton pays, dans une démocratie » ?

Le lecteur suit la panique et les questionnements d’un professeur d’université respectable. Mais si, justement, loin des plateaux télé, des émissions de radio, cet homme pouvait transmettre un désir de révolte à ses étudiants via ses théories ? Les interrogations se bousculent dans la tête du quinquagénaire, toute capacité de réflexion étant ôtée. Et un jour, lui et quelques autres prisonniers sont conduits en camion dans un lieu inconnu.

Ce court roman interroge habilement l’engagement politique et les désirs d’utopie, l’individualisme et le collectif, le retour à la terre, etc. Dans une langue très parlée, qui se déroule et serpente comme un cortège de manifestants, Violaine Bérot interroge et questionne notre souhait de liberté. Mystérieux, le texte posera plus de questions qu’il ne donnera de réponses. Le cœur du questionnement réside dans cet entre-deux, entre les choses qu’on dit, la théorie, et les choses qu’on fait, la pratique de la théorie.

« car comment serait-il concevable, alors que les élections présidentielles ont eu lieu il y a à peine plus d’un an, alors que le président sortant a été réélu et que la société s’enlise, comment serait-il envisageable, alors que tout paraissait bloqué, plus inamovible que jamais, alors que personne ne lâchait rien de ses acquis, que c’était le règne du chacun pour soi, comment en quelques jours, puisque tu ne sais pas combien de temps s’est déroulé depuis ton enlèvement mais pas plus de quelques jours, une dizaine grand maximum, comment en quelques jours une jeunesse même survoltée aurait-elle pu convaincre une nation aussi rétive au changement de se soulever ? »

C’est plus beau là-bas, Violaine BEROT, Buchet Chastel, 128 pages, 14,5 €

Visuel : Couverture du livre

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Julien Coquet

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