Le nouvel album d’Atoms For Peace en écoute
Atoms for Peace, le groupe de Thom Yorke qui regroupe les plus grosses pointures du moment sort enfin son premier album, Amok, le 25 février prochain. Après avoir dévoilé « Judge, Jury and Executioner » et « Default », on peut enfin écouter l’album au complet sur internet.
A la manière de The Dead Weather ou Gorillaz, Atoms for Peace est ce qu’on peut appeler un « supergroupe » : le leader de Radiohead, Thom Yorke, a réussi le pari improbable de réunir à ses côtés Flea, le bassiste des Red Hot Chili Peppers, Nigel Godrich, producteur de Radiohaead, Joe Waronker, batteur de Beck et Mauro Refosco, souvent cité pour son travail avec l’excentrique David Byrne des Talking Heads. Une belle brochette d’artistes pour un groupe qui porte bien son nom: Atoms for Peace semble avant tout porté par la volonté de brouiller les pistes entre la musique élaborée par des machines et celle créée par des humains. On vous en dit un peu plus après l’écoute d’ Amok,
Le nom de leur premier album ne semble pas avoir été choisi à la légère : Amok ou le Fou de Malaisie, c’est le titre d’un roman de Stefan Sweig, qui raconte une histoire d’amour entre une femme et un médecin, amour tellement obsédant que le personnage le met en parallèle avec l’amok, ce comportement meurtrier et individuel observé par les ethnologues dans différentes régions du monde. L’amok comme pulsion de meurtre, comme instinct incontrôlable : hasard ou nécessité, le nom semble définir à merveille ce nouvel album.
Déjà avec ” Judge, Jury and Executioner ” et ” Default “, on sentait cet esprit de suspicion qui n’a cessé de ‘hanter les chansons de Radiohead, notamment “Paranoid Android” sur Ok Computer. A l’écoute d‘Amok, tout est dit : malaise dans la culture, inquiétude et volonté d’aller trouver un “ailleurs” en brouillant les frontières entre l’homme et les machines. Un “ailleurs” qui ne viendra probablement jamais, si l’on en croit la voix lascive et envolée de Thom York. Derrière, un ronronnement permanent de sons, bruits et claviers, condensation mécanique qui tente de donner forme humaine à la musique. Amok fonctionne sur la base d’un équilibre toujours fragile entre la technologie et l’humain qui n’est pas sans rappeler le tout premier album de Thom Yorke, The Eraser, sorti en 2006.
Débutant par le très entraînant “Before Your Eyes Close”, qui propose une rythmique saccadée à la manière du fascinant Remain In Light des Talking Heads, l’album s’enfonce progressivement dans les profondeurs d’un espace qui se fait de moins en moins sur : si l’on avait déjà pu entendre “Default” et “Judge, Jury and Executioner”, l’on sera surpris par “Ingenue” et “Unless” morceaux sur lesquels la voix veloutée de Yorke contraste avec une instrumentale abyssale et répétitive, entraînant l’auditeur dans des territoires inconnus. S’ensuivent “Dropped”, qui met à l’honneur la dance music de façon particulièrement mécanique et “Stuck Together Pieces”, où l’on retrouve une ligne de basse qui pose les basses de l’architecture musicale. L’album se termine en beauté, avec ” Reverse Building ” et “Amok”, apothéose dangereuse qui vient clore ce cycle circulaire, divine comédie.
Amok est un album dépouillé et cru, fonctionnant de manière efficace : pudique, il rend compte du voyage en solitaire d’un homme tiré vers les bas-fonds et force l’auditeur à se perdre dans un labyrinthe inquiétant. Histoire individuelle, notes d’un souterrain : une descente dans les profondeurs qui demandera du temps pour apprécier la traversée.
Visuel : capture d’écran du site stereogum.com
Image à la Une : pochette d’album d’Amok
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