
Larry Graham sublime Jazz à la Villette en autel du Funk (04/06/2012)
Inventeur du slap, technique qui consiste à taper contre son instrument, bassiste de Sly and the Family Stone et de Prince, le texan Larry Graham n’a pas perdu une once d’énergie funky à l’âge de 65 ans. A la veille de la sortie de son nouvel album “Raise up”, il était hier en concert sous la voûte de la grande halle dans le cadre du Festival J azz à la Villette, avec en première partie conséquente le british et charismatique Anthony Joseph.
Ponctuel et plus que partant pour chauffer la salle, le poète et chanteur Anthony Joseph est arrivé sur scène avec sa Spasm Band , un peu griot, très groovy, bonnet en laine blanche de Marvin Gaye sur la tête et spiritualité de Fela Kuti en marche. Révélé avec son album “Ruber Orchestra” (Naïve) sorti l’an dernier, Anthony Joseph revient d’une longue tournée où il a entre autre fait danser les publics de Solidays et du Reggae Sun Ska. Aussi excellent au texte, au chant et à la danse qui ondule, le charismatique musicien fait vite tomber la veste pour découvrir une chemise verte aux motifs bling-bling qu’il porte avec autant de naturel que le bonnet. Avec un sens accru de la syncope rythmique et du mouvement, un trompettiste qui sait aussi envoûter à grands renforts de flûte traversière, il délivre un reggae vivant, aux images riches et qui pousse la salle à dodeliner du bassin, le sourire aux lèvres… Après une jolie heure de performance il laisse la place au grand Larry Graham.
L’entrée en scène dramatique en traversant le public et grimpant sur l’estrade donne le “la” du véritable spectacle que propose Larry Graham à son public qui mêle tous les âges. Tout de blanc vêtu, chapeau de cow-boy assorti et le funk imprimé sur les manches, le bassiste forme un trio avec la formidable chanteuse Ashling Cole et le guitariste Wilton Rabb. Entourés par deux claviers et orgues à la pointe, ils transmettent tout l’esprit des années 1970 : des réunions pour mouvements de hanches synchronisés au centre de la scène au ventilo donnant du mouvement aux cheveux baguettes de la choriste, en passant par une lumière pourpre très élaborée, tout est resté dans son jus Funky.
Et question décibels, le public est servi. Sur un premier titre étiré et au beat irrésistible, le joyeux Graham Central Station fête Paris, que Larry salue comme la ville “la plus funky du monde” tandis-que Ashling Cole, brillante et omniprésente, demande au public de battre des mains. On imagine qu’ils font pareil à Luxembourg ou à Tokyo…
Pour mieux séduire une salle chauffée à blanc et déjà entièrement conquise, Larry Graham a savamment mêlé tubes personnels historiques et quelques titres de son nouvel album, “Raise up”, attendu pour le 25 octobre prochain, dont les titres sont très fidèles à la tradition Funk, malgré un trait plus appuyé de Beatbox. Si le sens profond du titre éponyme, “Raise up” laisse perplexe d’inanité, son rythme en revanche est irrésistible. Les solos de basse, notamment sur son classique “I can’t stand the rain” sont réellement à couper le souffle et à l’entendre seul l’on voit bien quelle place Larry Graham a pu jouer dans les plus grands groupes de Funk et auprès de Prince.
Généreux, Graham offre en finale une reprise (présente sur l’album) de “Higher Ground” de Stevie Wonder, s’offre un petit tour dans le public et puis revient sur scène pour enchaîner ses plus grands tubes (Family Affairs…) seul avec ses musiciens, puis bientôt accompagné par des musiciens et des chanteurs venus du public. Ces derniers sont un peu trop talentueux pour qu’on croit vraiment à un bœuf improvisé, mais que Larry Graham prête sa basse magique à de jeunes musiciens est suffisamment touchant pour mettre une ambiance folle à cette fin de concert résolument mouvementée. Comme quoi les grands musiciens restent toujours simples et funky…
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Commentaire(s)
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Jeremy
Pas vraiment un concert historique. Larry fait recette dans tous les sens du terme. Pas de prise de risque, et une appropriation un peu abusive du répertoire de la “Famille Pierre”, puisqu’il a interprété des titres de “Fresh” 1973. Objectif clair ce soir-là : jouer les titres attendus. Soirée best of trop prévisible, avec des invités sur scène pas du meilleur goût.