Jazz
Le Théâtre du Châtelet fait son Jazz avec JaRon Marshall et Tigran Hamasyan

Le Théâtre du Châtelet fait son Jazz avec JaRon Marshall et Tigran Hamasyan

13 March 2023 | PAR Eleonore Carbajo

L’emblématique Théâtre du Châtelet met le Jazz à l’honneur lors de cette semaine dédiée à des artistes internationaux qui célèbrent la diversité de ce genre musical. Dans la lumière de ce jeudi 9 mars, le pianiste Tigran Hamasyan et son trio, pour le premier festival de jazz du théâtre : un pari réussi !

JaRon Marshall, « le mariage entre le jazz et le hip-hop »

Décrivant lui-même sa musique comme à mi-chemin entre le jazz et le hip-hop, JaRon Marshall est monté sur la scène du Châtelet accompagné de Brian Donohoe au saxophone et à la flûte traversière, de Chris Loveland à la basse, et  de Michael Longoria à la batterie. Un quatuor pétillant à la joie de vivre communicative, pour cette première partie de soirée. Le saxophone s’accorde une dernière fois pendant que l’accompagnement fait résonner les premières notes de jazz-hop dans le théâtre. Puis, c’est dans des parties solo que le timbre de velours de cet instrument s’impose. La gymnastique habituelle de Brian Donohoe pour passer du saxophone ténor à la flute est aussi agréable à voir qu’à entendre, les variations qui en découlent apportant une vraie plus-value à l’ensemble. Musicien et producteur originaire du Texas, JaRon Marshall fait tomber les barrières d’un jazz académique, dansant debout derrière son clavier. En levant la main, il signale la dernière boucle et la reprise d’un nouveau thème aux autres musiciens et notamment au batteur, dont la performance est à souligner.

 

Une première partie de concert qui commence donc en fanfare, sous les projecteurs du Théâtre qui baignent la scène de lumières hypnotisantes, en variant les ambiances dans des camaïeux de couleurs ravissants pour les yeux. L’imposant lustre de la grande salle inonde le public alors plongé dans l’obscurité, pour un entracte tout en joie, mot d’ordre de cette semaine du Jazz.

Tigran Hamasyan – Rick Rosato – Jonathan Pinson : quand le jazz vous hypnotise

Tigran Hamasyan est un artiste prolifique très influencé par divers genres musicaux comme la musique traditionnelle arménienne, la musique indienne, le rock, le métal et beaucoup d’autres encore. il le mentionnait d’ailleurs dans une interview accordée à Toute la Culture à l’occasion de sa venue dans la capitale il y a dix ans, l’artiste se produisait déjà au Châtelet : « ma musique est le fruit d’influences qui vont au-delà de la musique jazz ». Mais, pour ce rendez-vous immanquable au Châtelet, le pianiste s’attaque à des standards de jazz américains des années 1920 et 1950, qu’il revisite avec son propre style. Accompagné de Rick Rosato à la contrebasse et de Jonathan Pinson, le trio fait mouche pour cette soirée inoubliable.

Pas de dress-code pour ces trois prodiges, chacun étant habillé de manière à être à l’aise, en costume ou en tee-shirt, peu importe. La complicité des musiciens crève les yeux sur scène, tous à l’écoute de l’harmonie du groupe. La batterie et son interprète sont un spectacle à eux seuls, nichés sur une estrade qui tremble sous les coups virtuoses de Jonathan Pinson. Pour se munir des balais, le batteur place adroitement les baguettes dans sa bouche tout en continuant de jouer, laissant parfois échapper des soupirs de jouissance ou des paroles d’encouragement à l’égard des autres musiciens. Tigran Hamasyan saute sur le tabouret de son piano, emporté par le sublime de ces classiques du jazz revisités à la sauce du trio. Il surprend le public en glissant sa main dans le plan de cordes du piano afin d’étouffer les vibrations et de jouer d’une main une mélodie au son métallique empreint de caractère. C’est avec adresse que le contrebassiste joue d’une rapidité exceptionnelle pour cet imposant instrument, presque complétement recroquevillé sur le corps de ce dernier pour mieux en apprécier les vibrations.

Cinq morceaux joués successivement, quasiment sans attendre la fin des applaudissements des spectateurs, parfaitement emportés dans le monde intérieur si particulier et sensible de l’artiste, qui remercie le public pour son énergie entre deux performances. Le jeu du piano est virtuose, mettant en valeur absolument toute la large tessiture de l’instrument, jouant successivement sur des intervalles resserrés ou sur un jeu de gammes rapides qui met en exergue la beauté de l’interprétation de Tigran Hamasyan. Les applaudissements finals du public réclament un rappel qui ne tarde pas à venir ; When a Woman Loves a Man clôt cette soirée en beauté et en toute simplicité. Un thème sans fioritures accompagné avec élégance par les pizzicati de la contrebasse et le rythme calme de la batterie.

Les trois imposants instruments restent seuls sur scène, telles des merveilles échouées, jusqu’à ce que les derniers spectateurs s’éclipsent dans les couloirs du Théâtre du Châtelet, du jazz plein la tête et des étoiles pleins les yeux !

Visuel : Affiche festival – Théâtre du Châtelet

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Eleonore Carbajo

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