Jazz
Festival Django Reinhardt : Thomas Dutronc et Dee Dee Bridgewater enflamment Fontainebleau

Festival Django Reinhardt : Thomas Dutronc et Dee Dee Bridgewater enflamment Fontainebleau

30 June 2023 | PAR Eleonore Carbajo

Le festival Django Reinhardt revient pour sa 40e édition ! L’occasion pour le jardin du château de Fontainebleau de s’illuminer des plus belles couleurs du jazz et de laisser la musique et le partage prendre possession des lieux : retour sur la soirée de clôture.

L’héritage de Django Reinhardt : l’hommage au jazz manouche de Thomas Dutronc

Pour commencer cette ultime soirée dédiée au jazz, c’est Thomas Dutronc, accompagné à la guitare de Stochelo Rosenberg et Rocky Gresset, qui enfièvre le parc de Fontainebleau sur des airs de jazz manouche, parfaitement accompagné des pizzicati délirants de David Chiron à la contrebasse. Une performance sous un soleil de plomb qui ne perd pour autant rien de sa superbe et de sa vivacité. Se succèdent des instrumentales mettant en valeur les musiciens les uns après les autres pour le plaisir des oreilles comme pour des yeux des spectateurs qui fixent sur les écrans géants les doigts courant sur les manches des guitares des trois artistes. Pour varier les plaisirs, le public a le droit à des originales de l’artiste, grinçant des dents sur la ville de Paris et ses travers, ou déferlant ses émotions sur des balades toutes plus belles les unes que les autres, dans des compositions inédites présentées pour l’occasion aux spectateurs du festival. Sans oublier les clins d’œil à Django Reinhardt, guitariste français donnant naissance au jazz manouche, et disparu à Fontainebleau en 1953.

Les airs s’enchaînent et se mêlent, dorant le ciel de fin de journée des plus belles couleurs du jazz. Les solo sont accueillis de tonnerres d’applaudissements amplement mérités quand les plus courageux de la foule en profitent pour se lever et danser sur les airs endiablés de ces guitares parfaitement unies par le talent de leurs interprètes, et par l’héritage du grand Django Reinhardt.

Dee Dee Bridgewater & The Amazing Keystone Big Band : l’étincelle du jazz

Quoi de mieux pour finir en beauté ces quatre jours de jazz continu aux pieds du château de Fontainebleau, que la grandiose Dee Dee Bridgewater, qui insuffle dès son arrivée sur scène un vent de fraicheur dans cette chaude soirée d’été ? Le Keystone Big Band revisite pour l’occasion son programme We Love Ella – en hommage à Ella Fitzgerald – au diapason de la chanteuse américaine qui ne vient pas pour faire de la figuration…

Après la présentation de l’orchestre de jazz, co-dirigé par le trompettiste David Encho, par Jon Boutellier au saxophone, et par Fred Nardin au piano, l’entrée fracassante de la chanteuse a de quoi réveiller le public du festival ! Une voix aussi suave en parlant qu’en chantant, des interactions permanentes avec un public aussi médusé qu’hilare, un mélange charmant d’anglais et de français qui ont de quoi ravir chaque festivalier, resté jusqu’à la tombée de la nuit pour l’apothéose de ce week-end vibrant au son du jazz.

Un premier morceau « dédié à tous les mecs » accueilli avec des sifflets et un air de contentement masculin, mais où chaque parole de la chanteuse sur l’indécision résonne comme des couperets aiguisés qui donnent le sourire à tout le public charmé. Côté musique, les 17 musiciens de l’ensemble – qui a remporté en 2018 la Victoire du Jazz du meilleur groupe de l’année – se montrent aussi complices entre eux qu’avec leur précieuse invitée.

Après avoir enchaîné des morceaux tels que Mood Indigo de Duke Ellington permettant à la chanteuse de faire danser sa voix avec une facilité déconcertante à l’unisson avec le pupitre de trompettes, le solo de trombone, sur le devant de la scène est l’occasion d’une discussion, d’un dialogue aussi vexant qu’amusant et stimulant d’un point de vue musical. Les glissés de la voix s’enchaînent et se mêlent à celui du virtuose trombone qui rivalise tant bien que mal et toujours avec humour avec les aigües de la chanteuse.

La reprise de Mr Paganini interprété par Ella Fitzgerald apporte la touche de swing manquante à la programmation, celle de Basin Street Blues par Louis Armstrong, cette voix rauque du chanteur et trompettiste, imité à la perfection par Dee Dee. Les solos s’enchainent sur le devant de la scène, mettant à l’honneur le timbre chaud des cuivres ainsi que des saxophones, cordes et percussions qui se mêlent parfaitement à ce triomphe. En cela réside tout le génie de Dee Dee Bridgewater qui, loin de se limiter au velours de son timbre, joue autant des instruments de sa bouche qu’elle ne chante les mélodies : un éblouissement pour le public. En effet, la chanteuse n’est pas en reste, et parvient à amuser les spectateurs pour le dernier concert de ces quatre jours déclinant le jazz dans tous ses éclats. Imitant tantôt l’accent français ou taquinant les musiciens hilares derrière leurs pupitres, le show est assuré autant pour la musique que pour l’ambiance !

A la fin du concert, on en redemande et on jubile du bis accordé in extremis après les applaudissements chaleureux accordés à tous les musiciens : St Louis Blues réadapté pour un final électrique entre les tenues des vents et le solo de guitare qui entraine la mélodie quelque part où les murs du château de Fontainebleau s’en souviendront !

Retrouvez le Big Band, accompagné de Dee Dee le 01/07 à l’Olympia pour une soirée de folie !

Crédit : EC

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