Musique
Jazz : Entretien avec le saxophoniste Rick Margitza

Jazz : Entretien avec le saxophoniste Rick Margitza

19 June 2011 | PAR Neil Saidi

Jeudi 2 juin au Sunside, le pianiste Laurent de Wilde a invité le génialissime saxophoniste Rick Margitza à se joindre à son trio formé de Mathias Allamane à la contrebasse et de Donald Kontomanou à la batterie. Les chanceux qui étaient présents ce soir là ont pu écouter les quatre musiciens nous interpréter des pièces comme “Ascension”, “Cry Me a River”, “Blues for Wood”, ainsi que des compositions personnelles. Nous avons même eu droit à un set entier de Blues, sous toutes ses formes ! Pendant la pause, le saxophoniste Rick Margitza a accepté de nous accorder quelques minutes pour répondre à nos questions.

TLC : Quand avez-vous décidé de faire de la musique votre vie ?

Rick Margitza : Tout le monde fait de la musique dans ma famille donc ça n’a pas vraiment été une décision pour moi. Je joue depuis l’âge de cinq ans, j’ai commencé par le violon et le piano. Jouer a vraiment été quelque chose de naturel, je n’ai jamais eu à faire de choix.

Votre premier instrument a été le piano ?

J’ai commencé par le violon car mon père est un violoniste classique et mon grand-père est un violoniste gipsy. J’ai donc été initié par mon grand-père, on jouait pour le plaisir, et ensuite j’ai débuté l’étude du piano classique plus sérieusement. Le père de ma mère était un musicien de jazz donc j’écoutais beaucoup de jazz à la maison. C’est chez moi que j’ai entendu pour la première fois les enregistrements de Charlie Parker et c’est lui qui m’a donné envie de jouer du saxophone.

Vous avez eu la chance de jouer aux côtés de Miles, comment était-il avec les musiciens, était-il dur comme on le dit parfois ?

J’ai joué avec lui à un moment où sa santé commençait à se dégrader, et quand il ne se sentait pas bien, il pouvait se montrer un peu dur avec certaines personnes. En ce qui me concerne, j’ai eu de la chance, il a toujours été très sympathique. Mais je ne le connaissais pas depuis longtemps, nous avons joué ensemble peut-être six semaines, c’était une longue tournée en été. Les gens me disaient que plus il te connaissait plus il était dur avec toi. Comme je l’ai dit, il a toujours été très sympa avec moi, mais j’ai pu le voir être parfois un peu dur avec d’autres musiciens du groupe. C’est vrai qu’on raconte souvent que Miles était q uelqu’un de nerveux, mais je pense que vers la fin de sa vie il était une personne beaucoup plus calme et apaisée. Musicalement, ce que j’ai appris aux côtés de Miles, et tous les musiciens diront la même chose, c’est l’importance des silences, l’importance de l’espace, je te dis ça alors que ce soir je ne laisse aucun silence dans mes solos (rires), mais la leçon que j’ai retenue de cette expérience aux côtés de Miles c’est l’intensité que tu peux créer en ne jouant pas. C’était vraiment impressionnant de le voir sur scène et de voir comment il arrivait à tenir le public en haleine, sans jouer.

Quels sont les musiciens qui ont eu le plus d’influence sur votre jeu ?

Beaucoup de gens me posent cette question et j’ai toujours du mal à répondre parce qu’il y en a énormément. Je dirais qu’après John Coltrane, qui est ma première influence, il y a ce que j’appelle la « White Jewish Tenor School », avec Mickael Brecker, Dave Liebman, Steve Grossman, Bob Mintzer, Bob Berg et Jerry Bergonzi, qui est le seul à ne pas être juif, mais il fait également partie de cette bande de saxophonistes post-coltraniens qui ont tous emprunté un aspect du jeu de Coltrane, en évoluant chacun dans une voie qui leur est propre. Après ceux-là, il y a Wayne Shorter, Joe Henderson et Sonny Rollins. J’ai également été influencé par beaucoup d’autres musiciens, et pas uniquement des saxophonistes, Chick Corea, Herbie Hancock, Woody Shaw. J’ai écouté beaucoup de musique classique. J’essaye de me nourrir de tout ce que je peux écouter.

Quels sont vos projets actuellement ?

Je compose constamment donc j’aurais de quoi enregistrer au moins trois disques si j’en avais l’occasion. J’ai aussi composé de la musique pour orchestre, mais c’est plus quelque chose que j’ai fait pour mon plaisir personnel, ce n’est pas une commission, donc je ne sais pas trop comment je vais réussir à faire jouer ça un jour, j’attends que le téléphone sonne ce qui est assez stupide je dois dire (rires). En ce qui concerne le jazz, je pense en ce moment à m’autoproduire, c’est vraiment difficile aujourd’hui de s’entourer de personnes de confiance prêtes à investir de grosses sommes pour vos projets, et je me dis que la meilleure solution est peut-être de le faire soi-même.

Comment est-ce que vous approchez le travail de composition ?

J’ai des périodes. En ce moment je compose tard le soir. Je commence aux alentours de 19h, puis je m’arrête pour grignoter et me détendre un peu, puis je m’y remets toute la soirée.

Vous composez avec le saxophone ?

Non pas sur mon saxophone, la plupart du temps avec un clavier, un séquenceur et mon ordinateur. Parfois je prends des idées que j’ai travaillées au préalable au saxophone et je regarde ce que ça donne, mais je ne compose pas beaucoup directement au sax. Ce qui est marrant c’est que quand j’écris de la musique pour orchestre c’est différent, je préfère faire ça le matin, je m’installe dans une routine où je me lève très tôt le matin et me couche tôt le soir. En ce moment c’est l’inverse.

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Neil Saidi

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