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Grand succès de la 2e édition du concours La Maestra

Grand succès de la 2e édition du concours La Maestra

08 March 2022 | PAR Victoria Okada

Le concours La Maestra, dédié aux cheffes d’orchestre, a donné son palmarès le dimanche 6 mars à l’issue du concert des trois finalistes. La Polonaise Anna Sulkowska-Migon a obtenu le premier prix.

Créé en 2020 à l’initiative de Claire Gibault (fondatrice de Paris Mozart Orchestra) afin de promouvoir les cheffes d’orchestre et de leur donner de la visibilité, le concours La Maestra s’est déroulé pour la deuxième fois du 3 au 6 mars. Plus de 200 candidates de 48 nationalités réparties sur les cinq continents se sont inscrites à cette deuxième édition, un grand succès pour un concours qui n’a eu qu’une seule édition. Cela indique le grand potentiel de la force féminine pour ce métier jusqu’alors dominé par les hommes. Claire Gibault précise, dans une courte allocution avant le concert final, qu’en France, en deux ans, depuis sa première édition, le taux de cheffes d’orchestre programmées en concerts a augmenté de 4 à 10 % alors que la moyenne mondiale est de 8 %. Ainsi, un tel concours est encore nécessaire pour accélérer la reconnaissance des talents de femmes.

Les répétitions générales et le concert final

Ce dimanche 6 mars, nous avons assisté à la répétition générale dans l’après-midi pour le concert final de la soirée qui a commencé avec l’hymne ukrainien pour lequel toute la salle s’est levée, y compris les musiciens (même les violoncellistes !). Trois finalistes — une Espagnole et deux Polonaises — ont chacune une heure pour préparer les pièces interprétées le soir, dont L’Existence du Possible de Graciane Finzi en création mondiale. Une heure pour préparer un concert de 30 minutes, sans aucune répétition auparavant (les cheffes abordent donc ces musiques pour la première fois avec l’orchestre), pour diriger juste quelques heures plus tard devant la salle presque pleine de La Philharmonie : voilà l’épreuve imposée aux candidates. Elles doivent donc faire preuve, entre autres, d’une capacité d’adaptation mais aussi d’imposer sa vision. La capacité d’adaptation, c’est Anna Sulkowska-Migon qui l’a montrée de la façon la plus flagrante. Elle sollicite explicitement les avis des musiciens et même des auditeurs par rapport à sa petite faille. Elle les a très rapidement assimilés, si bien qu’au concert du soir, aucun défaut n’apparaît aux endroits en question. En ce qui concerne la vision, une autre Polonaise, Johanna Natalia Slusarczyk, a transmis naturellement la sienne tout au long de la répétition, à l’aide d’explications imagées. Outre les paroles, la clarté de ses gestes et la justesse de l’indication montrent ses déjà riches expériences et le métier qu’elle y a acquis. L’Espagnole Beatriz Fernandez Aucejo, qui a dirigé toutes les pièces sans baguette, a d’amples mouvements de bras. Elle laisse l’orchestre jouer, et prend ponctuellement la parole pour indiquer des éléments-clefs selon elle. Notre impression de grande douceur pendant la répétition change quelque peu au moment du concert où elle s’affirme avec beaucoup plus de fermeté.
Nous saluons l’engagement et l’endurance des musiciens du Paris Mozart Orchestra, cofondateur avec La Philharmonie de Paris de La Maestra, qui a assuré l’interprétation tout au long du concours.

Le Palmarès

Malgré le talent plus qu’évident de Johanna Natalia Slusarczyk (apprécié également par quelques musiciens d’orchestre avec qui nous avons discuté après la cérémonie de la remise de prix), le jury, présidé par Deborah Borda (directrice générale de l’Orchestre philharmonique de New York), a décerné le premier prix à Anna Sulkowska-Migon, ce qui a poussé Slusarczyk à la deuxième place. Ce fut une petite surprise. Quant à Beatriz Fernandez Aucejo, elle obtient le troisième prix. La décision du jury étant prise sur l’ensemble des prestations, il nous reste à regarder les vidéos en replay des précédentes épreuves (disponibles sur ArteConcert et Philharmonie de Paris Live pendant deux ans) pour se forger soi-même sa propre opinion !

L’Académie

La Maestra est également une académie. Les candidates – et plus particulièrement les finalistes et demi-finalistes du concours – bénéficieront d’un programme d’accompagnement professionnel et artistique. La présence des professionnels, notamment du réseau Echo (European Concert Hall organisation), facilitera leurs introductions et insertions dans les salles internationales.

photo © Maria Masconi

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