[Live report] Gordon & Pantha du Prince au Trianon
Berlinois minimaliste et conceptuel dans théâtre flamboyant à Paris. C’était le programme du vendredi 4 septembre au Trianon où Pantha du Prince donnait son unique concert en France avec comme entrée en matière le Français Gordon.
Gordon
La jeune recrue du label InFiné, offre un set tout en rupture. Gordon, n’hésite pas à laisser de grandes respirations dans ses morceaux et ses enchaînements. Au ressenti, on verse dans la contemplation plus que dans la danse frénétique, même si sur la fin il ajoute quelques beats plus entraînants. Après trente minutes, le rideau tombe fait rare dans un concert d’électro. Pas de prolongation possible, Gordon part sur la pointe des pieds. Une légère frustration filtre dans les applaudissements.
Pantha feat the Triad
Le rideau s’ouvre. Sur scène, la triade se la joue sciencefiction. Longue tunique col Mao et masques incurvés sur le front. Chaque mouvement capte la lumière et la renvoie dans la salle. Ce soir, l’ambiance est aquatique. Faisceaux bleutés et images d’iceberg sur écran géant éclairent Hendrick Weber, alias Pantha du Prince, d’une lumière fantomatique. Depuis ses débuts, en 2002 avec son maxi Nowhere, Pantha aime construire des univers, si possible expérimentaux. Il bricole des sons d’instruments traditionnels avec des sonorités électroniques, joue sur les contrastes entre basses rocailleuses et nappes aériennes.
Au Trianon, pour mettre en pratique ses trouvailles, le quarantenaire n’est pas seul. Il a recruté son compatriote Scoot Mou, échappé du duo Jane avec Panda Bear, et le Norvégien Bendik Hovik Kjeldsberg issu du collectif de percussionnistes The Bell Laboratory avec qui il avait déjà travaillé sur l’album Elements of light. Le trio se forme il y a un an, pendant une résidence artistique à Los Angeles. S’en suit une mini tournée américaine et puis…plus rien. Résultat, pour la seule date française de la Triade, la salle est pleine.
Et attentive. Il faut tendre l’oreille pour saisir toute la subtilité des arrangements qui se perdent dans la richesse sonore. C’est un concert pour mélomane et le chaloupé du public s’en ressent : tout en retenu sur la première partie. Le déhanché s’accélère quand The Triad s’amuse à faire renaître des compo du Prince. Aux premières notes de « The Splendour », morceau, extrait de l’excellent album Black Noise, le concert gagne en puissance et garde le cap avec « A nomad’s Retreat ». Au bout d’une heure de set, les masques tombent. Bendik effleure ses percussions et veut s’assurer qu’il roule sur le bon tempo. Il cherche Scoot du regard. Une complicité qui dénote avec le reste du concert que chaque musicien semble vivre dans sa bulle. C’est à peine si Scoot bouge d’un centimètre, Pantha the boss, lui, est plus expressif et esquisse quelques roulements d’épaules. Le plus actif, c’est Bendik et ses clochettes qu’il n’a de cesse de caresser jusqu’au dernier morceau. Les applaudissements de mise renvoient The Triad sur scène pour une vingtaine de minutes. Le point final sera tout en rondeurs mélodiques avec « Satellite Snyper ». 22H29, à quand le prochain album ?
Alexia Luquet & Robin Vincent
Visuels : (c) Alexia Luquet