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[Interview] Arnaud Rebotini : « Les Black Strobe aujourd’hui, c’est un format chanson + musique électronique »

[Interview] Arnaud Rebotini : « Les Black Strobe aujourd’hui, c’est un format chanson + musique électronique »

26 May 2014 | PAR Bastien Stisi

Deux ans après The Girl From The Bayou, et quelques semaines avant la sortie de leur second album Godforsaken Roads, les Black Strobe et leur charismatique leader Arnaud Rebotini présentent Going Back Home, un EP toujours marqué par la fusion singulière d’un blues rock gonflé et d’une électro synthétique vivifiée. À nos côtés (et sans son iconique moustache), l’immense fondateur du groupe évoque Jean Calvin, les crocodiles de la Louisiane, Johnny Cash, et les mutations d’un projet destiné à être défendu sur scène dès le mois de septembre prochain…

Arnaud Rebotini sans la moustache, rien à faire, je ne m’y habitue pas…

Arnaud Rebotini : Ah mince, on me le dit souvent ! Je dois avouer que j’en avais un peu marre de la moustache, ça commençait à faire un peu « videur serbe sur-testostéroné ». Bon, heureusement, même sans la moustache, les gens me reconnaissent…

Moustache ou pas, ce nouvel EP Going Back Home demeure dans la continuité disco blues et synthétique des deux derniers EPs des Black Strobe, Boogies In Zero Gravity et The Girl From The Bayou

A. R. : Oui, j’ai tenu à conserver le côté un peu « bayou » et chaud, avec des sonorités très marquées blues, country et southern rock (des genres qui sont parfois très proches), mêlées à une ambiance « mélancolico sexy », moite, funky et groovy. Mais les trois morceaux de l’EP, s’ils sont là pour annoncer l’album qui sort en septembre, n’y figureront pas tous. « Going Back Home » en sera, mais a priori pas « Tigerman » et « The House Of Good Lovin », qui seront peut-être réservés à une version cd deluxe.

Plus les années passent, plus le projet solo étiqueté Arnaud Rebotini et le projet Black Strobe paraissent se distinguer…

A. R. : Oui, c’est vrai. Le Black Strobe d’aujourd’hui évolue plus vers un format chanson + musique électronique, alors que le projet Rebotini reste dans un format purement électronique. Que du synthés, parfois un peu de voix mais jamais comme élément central. On fait effectivement désormais parfaitement la différence, et ce même si Godforsaken Roads comportera quelques morceaux sans guitares et avec la présence unique de synthés et de vocaux.

Y aura-t-il à ce propos une scénographie spécialement conçue pour le live de ce nouvel album ?

A. R. : Oui. Il y aura notamment un vrai show lumière fait autour d’un live que l’on commence déjà un peu à tester sur quelques dates, avec une formation qui est quasiment la même depuis 2010 (on a juste dû remplacer notre guitariste David Shaw, qui a monté son projet solo). Mais pour le moment, on s’amuse un peu, on fait des reprises…

Les reprises, et notamment celles de classiques du blues et du rock and roll, tu commences d’ailleurs à en être spécialiste : après celle du « I’m a Man » de Bo Diddley, ton nouvel EP comporte une reprise du « Tigerman » de Rufus Thomas…

A. R. : De temps en temps je me dis effectivement que je vais carrément finir par faire un album complet de reprises ! Celle de « Tigerman » (qui restera quand même une face B), en l’occurrence, je l’ai fait après avoir regardé un documentaire sur Elvis Presley, qui l’appréciait beaucoup. « I’m the king of the jungle, you can called me the tigerman » : j’ai trouvé les paroles tellement cool que je les ai reprises ! Sur le prochain album, il y aura aussi une reprise complètement synthé (+ voix évidemment) de « Folsom Prison Blues » de Johnny Cash, dont je suis un fan absolu.

Johnny Cash, Rufus Thomas, le Bayou…on sent plus que jamais au sein des dernières productions des Black Strobe une forte attirance pour le côté sud étasunien…

A. R. : Oui, pour la Louisiane notamment. Le rock and roll s’est en partie développé là-bas parce qu’il y avait un mélange de cultures qui était plus fort qu’ailleurs, entre des gens qui étaient de races et de souches sociales différentes. Les Noirs, les Blancs, les Indiens, les Crocodiles…tout le monde était un peu au même niveau !

Mais ceci dit, il n’y a rien de nouveau à revendiquer ces influences : les bases viennent de là-bas, quoi qu’on en dise, et un groupe comme Depeche Mode, par exemple, affirme sans souci avoir été très influencé par la country. Après, c’est vrai que je revendique peut-être un peu plus visiblement ces bases que les autres.

« I’m a Man » repris dans le Django Unchained de Tarantino…est-ce que ta posture internationale s’en est trouvée rehaussée ?

A. R. : Ça m’a apporté énormément d’exposition, forcément. À l’époque, il y avait aussi Guy Ritchie qui l’avait fait apparaître sur la bande son de RocknRolla…visiblement, c’est un truc qui marche bien sur les films de bandits ! C’est d’autant plus cool que plein d’artistes l’ont repris avant moi, comme les Yarbirds, ou même Jimmy Hendrix.

The Girl From the Bayou évoquait l’histoire d’une femme un peu mystérieuse et largement fantasmée. De quoi parle ton EP Going Back Home ?

A. R. : Le morceau éponyme, par exemple, parle de la nostalgie liée au retour à la maison, notamment dans le Sud des États-Unis. On peut aussi l’interpréter comme une évocation de la chute qui succède à la montée de la drogue. « Going down south » : c’est un mélange entre le désir de rentrer et le côté noir et désespéré.

Et sur Godforsaken Roads, y aura t-il une thématique textuelle particulière ?

A. R. : Il y aura un peu de tout : des choses un peu mélancoliques, des textes liés au désir, des chansons, aussi, qui évoquent le fait d’être lâché par Dieu, d’être un peu maudit J’y cite d’ailleurs une phrase de Calvin qui représente assez bien ce que je peux penser sur un certain type de prolétariat…Mais il n’y a là-dedans ni vocation politique, ni idéologique, ni sociale…Je parlerai un peu de la folie aussi. Après, ce n’est pas du tout un album à textes : le côté songwritter, ce n’est pas forcément sur ça que je joue le plus !

Black Strobe, Going Back Home, 2014, Blackstrobe Records, 18 min.

Visuel : (c) pochette de Going Back Home de Black Strobe

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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