Electro
La nuit où Arnaud Rebotini fit danser la Cour d’Honneur au Festival d’Avignon

La nuit où Arnaud Rebotini fit danser la Cour d’Honneur au Festival d’Avignon

24 July 2019 | PAR Amelie Blaustein Niddam

C’est ce qui s’appelle finir en beauté. Symboliquement, Rebotini a mordu sur la nuit hier en prolongeant son spectacle de 40 minutes. C’est donc le 24 juillet que nous avons dit au revoir au mythique mur de la Cour d’Honneur.

En réalité, il s’agit d’une clôture et d’une ouverture. 120 battements par minute signait la fin de la 73e édition du Festival d’Avignon mais aussi l’ouverture de Resonance, qui se tient jusqu’au 28 juillet. Alors qu’allait faire Mr Moustache dans LE lieu  ? Et bien… Il ne s’est pas démonté et a joué. Comme s’il était dans n’importe quel club. Et comme dans n’importe quel club les lumières envahissent l’espace et les projections se collent partout. Mais voilà, ce n’est pas n’importe quel club, et faire trembler la Cour a une saveur un peu particulière.

Mais avant de nous faire danser, le spectacle a commencé par une lecture. Et quelle lecture. Très émus, parfois fragiles, deux des comédiens de 120 battements par minute, Mehdi Rahim-Silvioli et Coralie Russier lisent Le bain de Lagarce… Largace mort à 38 ans du Sida. Une idole fracassée dont la langue acide et précise n’avait encore jamais été portée dans la Cour d’Honneur.  Le bain, c’est un texte sur l’amour fou massacré par la mort. “On parle de nos amours . On s’abandonne. Nous nous faisons nos adieux”.

A ce moment, tous les musiciens sont sur scène. Arnaud Rebotini est aux machines accompagné du Don Van Club : Paola Avilles Torres, Christophe Bruckert, Leo Cotten, Maxime Hoarau,Thomas Savy, Arnaud Seche et Amandine Robilliard. Entendez harpe, violon, violoncelle, percussions, clarinettes, flûte et clavier.

Une fois la lecture finie, la musique devient pleine. L’acte est d’abord militant. Des chiffres rappellent que le Sida n’est pas une maladie du passé et qu’il ne faut presque rien pour l’éradiquer. Mais le presque est loin. De façon sublime, le triangle rose d’Act Up, ce même triangle que portaient les déportés homosexuels sous le régime nazi est projeté en immense sur LE mur. 

La suite est une merveille de house nichée dans les débuts des années 90, pour être au coeur de l’épidémie. Ensuite se déroule la bande-son de ce film désormais mythique. Il est fascinant de voir quels instruments se cachaient sous l’album.  Du live, rien que du live pour envoyer un grand Boom sur la mort. C’est chose faite quand le géant lance l’artillerie lourde, LE tube. Sur son remix très efficace de Smalltown Boy, tout le monde se lève. Et tout le monde, c’est ce soir-là un miracle. Le public est lui aussi  un mix : les fidèles du In, les fidèles de Resonance, les avignonnais qui vont à la Cour, quoi qu’il s’y passe. Et tout ce monde là bientôt debout pour, quand Rebotini nous l’autorisera, ne jamais plus s’asseoir.

Sans vraiment faire de transition, il passe en mode DJ et assène une leçon house ( on repere Night Life d’Alexandro Korzh), pour le reste, on le regarde, fascinés, et on se laisse faire. Il manipule la TR-909, l’outil de l’Acid house, comme des claviers très classiques. Ce mec est un dieu, sérieux !

En plaçant la clôture du Festival sous les yeux des Idoles qui n’ont toujours pas l’âge d’être mortes, Olivier Py semble avoir trouvé la transition parfaite avec la 74e édition qui tissera le fil d’Eros et Thanatos.

 

©Visuel : Nathalie Feyt

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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