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[Chronique] “Blow” : à la barre de son computer, Jackson refait enfin surface
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Signé chez Warp, encensé et positionné comme pionnier et forgeron d’une nouvelle ère du style électronique hexagonale, Jackson Fourgeaud émerge après les raz de marées Daft Punk, Justice, Phoenix et autres figures de proue de la French Touch. En moins d’une décennie, cet artiste en marge n’a sorti que deux albums, dont le virtuose Glow, paru au début de l’automne.
Issu de la génération 1979 et tombé dans la marmite « mélomaniaque » depuis son plus jeune âge avec un penchant pour la techno hardcore, Jackson (déjà aficionado des machines) produit ça et là quelques EP et remixes avant de sortir enfin son premier album culte en 2005, Smash.
Expression première d’un style singulier ; multitude de sons, virtuosité dans l’art de manier les machines, électro pop transversale baroque, symphonie techno romantique, Jackson embarque à lui seul l’auditeur au large pourfendant les standards, transgressant même son propre catalogue, l’électronique alternative à la française.
Artiste intègre et très peu prolixe, il a fallu attendre 8 ans pour découvrir un deuxième opus que Jackson aurait pu peaufiner à l’infini. Moins touffu que son prédécesseur et pourtant très dense, Glow nous évoque parfois une sorte de Sgt Pepper des Beatles à la sauce électronique (“Glow”, “Dead Living Things“, “Memory”) axé sur un format proche de la chanson. Ce surdoué néo baroque, seul à la barre de son computer band (machine expressément conçue pour lui), comme une ode à Phoenix (cf Phantom of the Paradise, opera rock de Brian de Palma), crée et recrée, développe ses aptitudes à décupler des sonorités disparates.
Track après track, touche à tout célébrant le culte de la musique électronique, de la passion des sons, il construit une arche sonore fleurissante, flirtant tour à tour avec le glam (“Gi Jane”), le rock progressif (“Orgisteria”), ou le hardcore (“Blood Bust”). Avec une verve indubitablement électronique s’y épanouit à mesure de l’écoute un univers techno pop.
On appréciera l’intégrité artistique de Jackson et sa capacité à plonger avec son computer dans les profondeurs du magma, afin d’en ressortir (après un laps de temps nécessaire, certes..) un objet inclassable et précieux en forme de pierre angulaire d’une French Touch nouvelle génération sans étiquette véritable. Un album électronique hors norme, intense qui se décline avec délectation.
Alexandre Alvart
Visuel : (c) pochette de Glow de Jackson and hiscomputerband