
Big Bang Theory : voyage au bout d’une nuit de novembre
Le RER prend l’allure d’une navette spatiale. Destination : l’île de la Porte Jaune. Ce week-end de fin novembre est le moment choisi par Marvellous Island pour rééditer une ballade cosmique dans l’univers électro : le Big Bang Theory. Cette nouvelle épopée labellisée fait la promesse à ses voyageurs d’une synesthésie galactique. Verdict ?
Un décollage retardé…
Il est 22h30, l’asphalte est humide et l’organisation semble confuse. Émilien, jeune Parisien d’une trentaine d’année, s’écrie : ‘’Sérieux, pour le prix qu’on paie, ils pourraient mieux s’organiser quand même, c’est censé commencer à 22h et ils ouvrent toujours pas !’’. L’agacé récolte quelques soutiens de la part de ses compagnons d’une nuit, coincés dans l’amalgame de corps impatients.
Une demi heure s’écoule et le SAS est enfin traversé : les festivaliers entrent dans une nouvelle dimension. Gifle esthétique. L’île est petite mais offre un décor féerique. La rétine sature d’images éclatantes. Les Foodtrucks rassurent les estomacs, les projecteurs multicolores redessinent l’espace et créent un émerveillement fugitif. La métamorphose de l’île révèle le talent des discrets scénographes. Elle devient une véritable ville du futur avec son propre système de paiement, ces fameuses cartes qui avaient agacé à Marvellous Island.
Traversée de la couche d’ozone
L’enthousiasme ralenti par les défauts d’organisation reprend vite le dessus dès que les enceintes commencent à cracher. Le soundsystem prouve son efficacité. Le rythme cardiaque se cale sur celui des basses, les corps se désarticulent et entament des danses singulières. Les festivaliers sont en symbiose, ils s’embrassent, se serrent fort et exhibent des sourires sereins. De l’extérieur du chapiteau, le set de Jozif fédère la foule déchaînée.
Jill l’extravertie, en débardeur malgré les degrés dissuasifs, affirme que le Big Bang Theory c’est l’avenir de l’électro. La « line-up est pertinente », loin « des conneries commerciales » à la mode, à l’image du set de Magda, l’une des têtes d’affiche du festival : « elle sait ce que veut son public avant même que lui-même ne le sache. C’est une prophète musicale ».
Le Big Bang Theory vu par un artiste
Dans la Room 1, les platines de Möggli sont empreintes d’un onirisme métallique. La jeune comète de la matrice électro crée des sonorités à la sensualité d’acier. Le talent est indiscutable. Après son set d’une heure et demie, la pétillante Möggli nous explique que « participer à ce festival est une aubaine pour une jeune DJ ». Sa voix est enthousiaste et le ton sincère : « Ce soir j’ai la chance de pouvoir jouer devant un public divers et varié, avec un soundsystem d’une ampleur impressionnante. Ce ne sont pas les mêmes sensations que lorsqu’on mixe en club par exemple. En festival, l’énergie est différente, elle est extrêmement puissante, et si la connexion se fait avec le public, ça devient un incroyable partage de bonheur. »
Ses premières impressions sont encore pleines d’adrénaline, de bonheur, et de gratitude envers ceux qui lui ont permis de faire cette performance (à savoir les fondateurs de la Cocobeach & du label French Kitchen, SuCré SaLé, Laly & toute la team de choc derrière), les DJs avec qui elle partage la scène, et son public. « Le public était génial et adorable. Je le remercie grandement parce qu’il m’a aidée. Il était là. Une telle générosité dans la scène musicale est très enrichissante. »
Retour parmi les festivaliers du ciel
Le chapiteau est en suspens… Damian Lazarus était attendu et le voici enfin. Mage blanc de l’électro, il parvient à transformer son public en splendide entité, en monstre à plusieurs têtes qui vibre sur des basses douces mais intenses. L’émotion est si violente que les cœurs prétendent transpercer la cage thoracique. Son set est une constellation que chaque danseur contemple avec son cœur. Le public est en apesanteur et croit défier la gravité.
Marie, en tenue faussement négligée, nous avoue qu’elle ne connaît aucun des artistes sur les trois scènes réparties sur l’île, et que de toute façon, elle « ne vient pas pour la musique mais pour les gens ». Le festival n’est pas seulement un lieu de musique mais aussi de rencontres.
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
La trentaine d’euros est rentabilisée grâce aux line-up, que ce soit celle de vendredi ou de samedi, mais le prix reste néanmoins cher pour une dimension qui se veut underground, libre, universelle…
Les conso sont démentes, les 5 euros exigés pour une bouteille d’eau sont indécents lorsqu’on sait qu’un festivalier restera en moyenne 6 heures à danser et à se dépenser. Mais la palme du fiasco revient au vestiaire, tenu par des bénévoles désinvoltes, négligents, agressifs et irrespectueux. On s’interroge encore sur la pertinence des organisateurs à faire tenir un vestiaire de festival par de telles personnes.
Le Big Bang Theory s’impose à la fois comme le rendez-vous des hipsters parisiens et des aficionados d’électro.
La sixième heure du matin s’entame : la fatigue commence à se faire ressentir mais l’esprit est envoûté par les performances des artistes. Chaque set fut une étreinte stellaire et chaque label a mérité sa place dans la voie lactée électronique. L’expérience du Big Bang Theory est sidérale. Mais tout a une fin et la réalité revient par effraction grâce à la lumière agressive du RER.
Visuel : (c) affiche du festival
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3 thoughts on “Big Bang Theory : voyage au bout d’une nuit de novembre”
Commentaire(s)
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Grégoire
Excellent article sur ce fabuleux festival ! Une plume incroyable, un vrai plaisir !
mouffranc
Très bon article !Agréable Evasion le temps d’une lecture
Idir Benard
vraiment une jolie plume :)