Une ouverture intimiste avec Pascal Dusapin pour l’édition 2021 du Festival Présences
Ce mardi 2 février ouvrait l’édition 2021 de Présences, le festival de création musicale de Radio France. Le compositeur Pascal Dusapin, à l’honneur cette année (lire notre article) et ses proches ont parlé, récité et joué plus de 2h30 en direct du “Concert de 20H” présenté par Clément Rochefort sur France Musique.
C’est donc à huis clos et de manière intimiste qu’a eu lieu cette ouverture étirée dans le temps. Sur scène : l’orchestre et la maîtrise de Radio France n’ont pas pu jouer pour motifs sanitaires et les solistes et comédiens (dont la femme et le fils du compositeur : Florence Darel et Anton Sapin) se sont succédés à côté. Sur le côté : une tribune où rayonnait Pascal Dusapin vers lequel convergeait les solistes après avoir joué pour témoigner de leur travail avec le compositeur tandis que les instruments étaient montés et déplacés.
Dusapin & family & friends
Dans la salle, nous étions une vingtaine de journalistes et de pros à vivre en direct le grand bain de 2h40 de plongée en apnée dans l’univers du compositeur; avec ses amis (souvent les mêmes depuis les années 1980) aux instruments. La musique contemporaine de Paul Mefano (Jades) disparu cette année et de la jeune compositrice anglaise Amy Crankshaw (Crepuscular pour piano solo) a été encadrée par trois moments de musique plus “classiques”, avec deux compositeurs importants pour Dusapin : le baroque allemand Buxtehude interprété par deux fois sur le grand orgue de la Maison de radio par Bernard Foccroulle, des extraits du Winterreise de Schubert interprétés par Vanessa Wagner et Paul Gay.
Et puis, côté textes, alors que Thomas Jolly, annoncé, n’a pu venir, la femme de Pascal Dusapin, Florence Darel a lu trois extraits d’œuvres qui lui sont chères : Les vagues de Virginia Woolf, un texte très terrien de Virgile et, avec leur fils, un dialogue d’Alcuin, texte théologique du 8e siècle qui a inspiré Disputatio à Dusapin.
Une plongée dans la musique de Dusapin
Enfin, et c’était tout l’objet de cette soirée; nous avons entendu pas moins de 5 pièces de Pascal Dusapin, commençant par Attacca pièce pour 2 trompettes et timbalier, poursuivant avec la création mondiale de La vita sognata, d’après des poèmes de Antonia Pozzi qui s’est suicidée dans les années 1930 avant 40 ans et interprétée par l’ensemble Accroche Note avec Franck Ollu à la direction, Armand Angster à la clarinette et Françoise Kubler à la voix.
C’est Sonia Wieder-Atherton qui nous a joué, après “Avant le son” une de ses pièces creusée de fantômes aussi anciens que celle de Dusapin, son Immer pour violoncelle solo, Vanessa Wagner au piano et Paul Gay ont fait résonner des extraits de son Ô Mensch (sous-titré “Inventaire raisonné de quelques passions Nietzschéennes”) avec le Winterreise de Schubert.
Enfin, c’est étrangement une note plus légère et presque pataphysique et sur la figure littéraire et de rupture de l’Anacoluthe. Le texte est d’Olivier Cadiot et nous sommes revenus une pièce de Dusapin de 1987, très vive, presque explosive dans le jeu et le chant habité de Françoise Kubler, pour clore un peu brusquement ce concert d’ouverture.
Si le composteur s’est montré très retenu dans ses réponses aux questions de Clément Rochefort, la durée du concert, cinq de ses propres pièces, et la présence de tous ses proches nous ont permis de bien nous imprégner de sa musique qui résonnera dans l’auditorium de Radio France toute la semaine.
Toute la Programmation de Présences est à retrouver ici, des facebook live ont lieu pour les concerts immédiatement restransmis.
visuel: affiche et YH