
L’ORAP fait entrer la profondeur de Vivaldi aux Carmes
Hier soir, l’Orchestre Régional Avignon Provence ouvrait les festivités de son weekend de clôture de saison. Un programme composé de deux dates dans l’église des Carmes et une à la Collection Lambert, autant dire que le choix de la beauté est assumé.
Les spectateurs du Festival d’Avignon connaissent bien le cloître des Carmes, moins la superbe église attenante dont la vaste nef se clôt par une voûte étoilée. Ce sont donc sous les astres que sont réunis l’Orchestre et le Chœur Symphonique Avignon Provence. Pour ces deux dates exceptionnelles, Philippe Grison, le directeur général de l’Orchestre Régional Avignon Provence et Samuel Jean, le chef invité ont pensé un programme au titre clair : Splendeur du sacré vénitien.
La seule question est : pourquoi ce titre au singulier tant la production de Antonio Vivaldi est marquée par une pluralité d’engagements ? Au programme, trois grands “tubes” du Prêtre roux : Magnificat RV 610, Credo RV 591, Gloria RV 610.
Le premier constat quand les contrastes du Magnificat sont posés est de saisir à quel point cet orchestre peut tout jouer. Il y a quinze jours il était un big band et le mois dernier un transmetteur de musique contemporaine. Ce soir, les cordes sont à la fête dans un dialogue permanent avec le chœur, l’orgue, le clavecin, la soprano Marie-Bénédicte Souquet et la mezzo soprano Eloïse Cenac-Morthe.
Toujours les mains libres, Samuel Jean dirige de tout son corps ces partitions techniques à l’équilibre fragile. Vivaldi arrête net les voix comme les instruments, se prête au jeu des canons, isole des discussions clavecin/hautbois. Écrites vers 1710 ces trois œuvres sonnent baroque. Les lignes de basse, constituées par les enveloppements des cordes sont des supports à des élévations de voix où le masculin et le féminin se séparent pour mieux se rassembler. En avant scène, les deux chanteuses offrent sur le Magnificat et sur Gloria des duos cristallins. Il y a ce “trio” orgue, chœur, mezzo sur Domine Deus qui permet de déployer la beauté d’une descente très symbolique.
Peut-être que le climax est atteint lorsque le Et in terra pax nous parvient, dans un suspens où les silences sont construits pour mieux préparer le terrain d’une diversité chromatique du chœur étouffante d’élégance. Et au centre de ce programme, le Credo, par définition incarné, est une véritable allégorie de l’ascension des âmes. Les violons déroulent une boucle en ritournelle, et comme dans les deux autres œuvres, de façon classique, le thème d’ouverture et repris en clôture. Dans le Et Resurrexit c’est évidemment la joie, celle du retour à la vie qui se dégage.
Un programme que le public, très proche des musiciens dans cette église à la sobre façade, ne veut pas voir s’arrêter. Ce n’est donc pas à un mais à trois rappels que l’orchestre et le chœur se sont pliés pour jouer et chanter (avec en guest les deux chanteuses de la soirée) une nouvelle fois Gloria, Domine fili unigenite et le vibrant Et Misericordia ejus.
Ce magnifique concert est à voir ce soir, samedi 8 juin à l’Eglise des Carmes, 28 Rue Carreterie, à Avignon à 20H30. Et le lendemain, le dimanche 9 juin à 17h, la compositrice Pascale Jabubowski réalisera in situ une création autour de la sculpture Heaven de Miroslaw Balka dans la cour de la Collection Lambert.
Toutes les informations et réservations sont ici
Visuel :©ABN
Articles liés
One thought on “L’ORAP fait entrer la profondeur de Vivaldi aux Carmes”
Commentaire(s)
Publier un commentaire
Votre adresse email ne sera pas publiée.
Publier un commentaire
Votre adresse email ne sera pas publiée.
BAffert simone
Magnifique …..