[Live Report] « Les Grandes Voix » : vibrante Anna Netrebko et impérial Daniele Gatti au Théâtre des Champs-Elysées
L’Orchestre national de France sous la direction de Daniele Gatti et l’iconique soprano Anna Netrebko ont proposé dimanche 10 mai au Théâtre des Champs-Elysées un pur moment de gourmandise musicale, avec des oeuvres sur lesquelles la mort plane pourtant comme une épée de Damoclès.
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La soirée a commencé avec l’ouverture de Béatrice et Bénédict, opéra-comique léger inspiré de la pièce Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare, marqué par l’utilisation de l’Allegro et qui évoque la désinvolture et l’insouciance d’un couple d’amoureux, mais qui fut pourtant composé par un Berlioz très malade et prématurément vieilli. Après cette mise en bouche, la soprano Anna Netrebko fit, généreusement ovationnée, son arrivée sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées afin de chanter les quatre derniers Lieder de Strauss, diamants altiers sertis de paroles composées par Hermann Hesse et Joseph von Eichendorf. Ce sont des Lieder qui disent le bonheur grisant des amours heureuses, mais aussi leur irrémédiable précarité, leur incroyable fragilité. A cette occasion, la chanteuse put donner un aperçu de toutes les gammes de sa voix, tour à tour féminine et masculine, caverneuse et cristalline.
Avant l’entracte, la diva s’éclipsa, et la soirée s’acheva en beauté au son d’une version condensée de Roméo et Juliette, les magnifiques suites pour orchestre composées par Sergeï Prokofiev, dont on retient notamment la puissante Suite 2 numéro 1 “Montaigus et Capulets” opus 64 B, qui reste dans l’oreille avec une opiniâtreté ferme et qui constitue par ailleurs la musique récurrente de la série télévisée britannique “The Apprentice” mettant en scène les recherches du businessman Lord Sugar pour trouver un(e) associé(e).
Crédit photo : Dario Acosta.
Au Théâtre des Champs-Elysées, 15 avenue Montaigne (8ème).