
L’album de Julie Fuchs : “Yes!”, ça fait plaisir!
Comment passer à côté du phénomène Julie Fuchs qui ne cesse de grandir, notamment après son prix d’artiste de l’année aux Victoires de la Musique Classique en 2014? L’artiste marque de son emprunte la rentrée 2015 grâce à son rôle très remarqué dans l’opéra Platée au Palais Garnier et grâce à son premier album, “Yes!”, plutôt original, ne détonant pas avec la personnalité de l’artiste.
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Dans un répertoire où surprendre est de plus en plus difficile, on ne peut que souligner la réussite de Julie Fuchs dans cet album original dédié aux années folles, les extraits étant compris entre 1905 et 1933. Comment ne pas succomber à cette “folie” toute en légèreté?
Esprit de contradiction, trait d’humour ou hasard, le titre anglophone est le seul mot qui ne soit pas français parmi les 16 présents ici et fait référence au premier air de Maurice Yvain. Ne nous y trompons pas : il y aura de l’opérette, oui, mais pas que! L’amusement reste continuellement présent tout le long de l’album, polymorphe, souvent sous forme de petit sourire en coin, un brin coquin, bénéficiant des belles plumes de l’époque : Colette, Apollinaire ou encore Sacha Guitry qui seraient par ailleurs certainement conquis par la cantatrice. Après la vague des mélodies françaises, voici venue d’autres mélodie follement parisiennes!
Sachant cela, il ne faut donc pas s’attendre à de longs airs comme on pourrait en entendre dans un album rossinien : ici, les extraits varient entre 2’07 avec “Ah! Cher monsieur! Excusez-moi” de Phi-Phi et 5’12 avec “l’Hymne au soleil” du Coq d’or. Peut-être est-ce là le seul regret que l’on puisse avoir. Toutefois, malgré ces durées restreintes, Julie Fuchs parvient à incarner chaque texte en y développant sa voix aux multiples nuances, y plaçant tout son sourire et son caractère pétillant lorsqu’il le faut, mais plus de profondeur également, comme par exemple dans “Pardon, mon papa que j’adore” des Aventures du roi Pausole ou bien dans “l’Heure exquise” de La Veuve joyeuse. La séduction est aussi au rendez-vous, un brin de féminisme sans exagération, beaucoup de caractère. Finalement, un portrait de femme libre et libérée!
Ajoutez à cette incarnation une diction parfaite et fluide, quelque soit la hauteur de la note, une netteté du timbre qui vous emporte et vous transporte. Une belle promenade dans ces années folles qui saura vous amuser et vous séduire, se clôturant par un “Thé pour deux” de No, No, Nanette tout en élégance. Ainsi, comment ne pas conclure par un grand “Yes!” pour ce premier album très réussi?
© Visuel album et Solène Ballesta