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Festival Entre deux Rives: entre intensité et intimité avec Boris Baraz

Festival Entre deux Rives: entre intensité et intimité avec Boris Baraz

25 March 2013 | PAR Marie Charlotte Mallard

Ce samedi avait lieu le troisième concert du festival Entre deux Rives, festival de musique classique entièrement consacré à la musique de chambre. Boris Baraz, violoncelle solo et super soliste de nombreux grands orchestres européens dont « Orchestre Philarmonia », accompagné de la pianiste Elena Rozanova lauréate de plusieurs concours internationaux, et notamment du prestigieux concours de musique de chambre de Melbourne avec son Rachmaninov Piano Trio, nous ont offert dans la douce intimité de la salle Cortot un récital intense et profond.

La petite salle Cortot, chef-d’œuvre « Art-Déco » a cette particularité d’offrir une intimité et une proximité particulière au spectateur. Loin de l’ambiance mondaine et parfois un peu glacée des grandes salles de musique classique, elle permet davantage de proximité avec les artistes et nous laisse ce sentiment d’être un spectateur privilégié. De ce fait, elle offre un cadre idéal pour la musique de chambre, et par conséquent pour le festival Entre deux Rives.

Entre profondeur, force, vivacité, et délicatesse, finesse, subtilité, le jeu de Boris Baraz revêt mille couleurs. En premier lieu, les deux artistes interprétaient la sonate en Ré majeur de Debussy, première d’un cycle inachevé de six sonates. D’emblée, Boris Baraz arbore un son à la fois clair mais chaleureux, rond et feutré duquel semblaient même ressortir parfois, des accents orientaux. Très sensible dans les passages les plus légato il sait néanmoins se montrer plus agressif et sauvage, frottant également la corde avec fougue et vigueur. Le musicien passe de la colère, de la torpeur à la mélancolie avec subtilité. Ainsi, il déploie une large palette sonore autant qu’émotionnelle et nous offre avec cette sonate de Debussy un jolie prélude au reste du concert. Clairement habité,  le violoncelle de Boris Baraz semble être réellement une extension de lui-même, le musicien ne fait qu’un avec son instrument.

La deuxième œuvre interprétée, la sonate en ré mineur de Chostakovitch revêt un côté clair-obscur. Le premier mouvement apparaît troublant, à la fois doux et tragique, sombre et sensible. Malgré parfois une trop grande et forte résonnance du piano et un manque de cohésion dans le premier mouvement, Baraz transmet véritablement, magnifiant tous les contrastes de l’œuvre, tant au niveau du tempo que des nuances, dont il pousse sans cesse les limites. Sur les pas pesants que pose le piano dans le second mouvement, le violoncelle se fait plus délicat, sublimant les liaisons. Le mouvement se terminera d’ailleurs dans un pianississimo léger, gracieux, suspendu. Une nuance qui tranchera avec la violence du mouvement suivant. Ici les deux instruments dialoguent véritablement, et l’on sent une grande complicité et une osmose entre les deux musiciens qui jusque-là peinaient à ressortir. Quand l’un est en ostinato, l’autre donne la mélodie, le relais passe de l’un à l’autre avec une grande fluidité, à noter que l’on admire la technique de Baraz, particulièrement dans ses glissandos qu’il fait du bout du pouce avec une extrême précision. Du troisième mouvement s’échappe la mélancolie, le violoncelliste joue sur la corde sensible au sens propre comme au figuré. Le quatrième quant à lui oscille entre roublardise, espièglerie et brutalité, ronde folle et enflammée avec des arpèges tourbillonnants qui nous emportent littéralement.

De cette prestation, on note de la part de Baraz un incroyable savoir-faire pour magnifier les changements de caractères et de couleurs, une impression qui se confirmera largement avec la sonate de Rachnmaninov dont le premier mouvement, entre la complainte et la romance apparaîtra très émouvant et nous projettera dans un tourbillon d’émotion troublant. On ne sait si c’est le contexte, cette petite salle Cortot, véritable petit cocon, ou bien la prestation des deux instrumentistes qui dans cette oeuvre de Rachmaninov furent indubitablement liés, d’une union parfaite, ou encore le don pour la transmission de Baraz, mais on eut tout au long de ce morceau de bravoure qu’est cette sonate de Rachnmaninov, l’impression d’être dans une bulle, entièrement emporté par le discours des deux musiciens. Baraz était véritablement ce soir-là dans son répertoire. Le public applaudit chaleureusement, et lance de grands bravos à tort et à travers. Au final, c’est une douce soirée que l’on a vécu, emporté tant par la musique que séduit par l’intimité et la proximité avec les musiciens que permet véritablement la salle Cortot…

Prochain concert: 20 avril à 20h30 salle Cortot, toujours avec Boris Baraz et Elena Rozanova :

Robert Schumann, Fantasy Pièces, Opus 73

Frédéric Chopin, Sonate pour violoncelle et piano, Opus 65

Edward Grieg, Sonate pour violoncelle et piano, Opus 65

visuels: http://infos-russes.com/paris/concerts/boris-baraz-violoncelle

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Marie Charlotte Mallard
Titulaire d’un Master II de Littérature Française à la Sorbonne (Paris IV), d’un Prix de Perfectionnement de Hautbois et d’une Médaille d’Or de Musique de Chambre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Cergy-Pontoise, Marie-Charlotte Mallard s’exerce pendant deux ans au micro d’IDFM Radio avant de rejoindre la rédaction de Toute la Culture en Janvier 2012. Forte de ses compétences littéraires et de son oreille de musicienne elle écrit principalement en musique classique et littérature. Néanmoins, ses goûts musicaux l’amènent également à écrire sur le rock et la variété.

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