Classique

Ouverture de saison de l’Orchestre de Metz sous le signe de la musique française

20 September 2021 | PAR Gilles Charlassier

L’Orchestre national de Metz ouvre sa saison avec un concert qui met la musique française à l’honneur, sous la baguette de son directeur musical, David Reiland.

[rating=4]

L’ouverture d’une saison est toujours un moment important. L’Orchestre national de Metz a choisi de mettre à l’honneur le répertoire français, ainsi qu’un ensemble en résidence à la Cité musicale, Les Métaboles, dont le directeur artistique, Léo Warynski, a été couronné par un Prix de la personnalité musicale de l’année en 2020 par le Syndicat de la critique. Et c’est l’oeuvre augurale de cette soirée, une commande de l’institution messine à Edith Canat de Chizy qui réunit magistralement ces deux intentions. Donné en création mondiale, Apocalypsis prend la forme d’une cantate pour choeur et orchestre en huit parties, aux allures de méditation et de variations sur le Livre de l’Apocalypse, qui entre autant en résonance avec la célébration des 800 ans de la Cathédrale Saint-Etienne de Metz, qu’avec l’épreuve de la pandémie et des confinements pendant lesquels le hasard a placé l’écriture de la pièce. Accompagné par une pulsation orchestrale évocatrice et bien calibrée par David Reiland, ce rituel eschatologique laisse s’épanouir la précision des couleurs et des intonations des pupitres des Métaboles, préparés pour ce concert par Denis Comtet. L’écriture essentiellement vocalique et l’enchaînement des premières séquences émoussent quelque peu la scansion des épisodes, qui s’affirme ensuite avec une fascinante efficacité poétique.

La deuxième page, le poème symphonique de Reynaldo Hahn, Nuit d’amour bergamasque, déroute de prime abord par une construction assez lâche, avant que l’on devine une unité dans l’ondoiement suggestif de quelques motifs. Après l’entracte, le sens de l’architecture du Concerto pour piano n°2 en sol mineur op.22 de Saint-Saëns, dont on commémore le centenaire de la mort cette année, est servi par une appréciable complicité entre la direction orchestrale et le jeu de Louis Schwizgebel. L‘Andante sostenuto s’ouvre sur un solo qui s’apparente aux improvisations à l’orgue et dont le pianiste suisse défend la cohérence progresse sans céder aux facilités ostentatoires. Cette sobriété et ce sens de l’expression se retrouve dans les sourires discrets de l’Allegro scherzando et le finale Presto, virevoltant et étourdissant. Enfin, le programme, se referme sur un des plus admirables albums imaginaires de l’histoire de la musique, Iberia de Debussy, deuxième partie des Images pour orchestre. Si le compositeur français n’avait jamais foulé la terre hispanique, il sait élaborer une inimitable carte postale vivante, dont David Reiland et l’Orchestre national de Metz restituent les atmosphères en un kaléidoscope fluide. Le sens du pittoresque s’affirme dès le mouvement augural, Par les rues et les chemins, et se renforce dans l’onirisme des Parfums de la nuit. L’effet de naturel quasi improvisé dans l’enchaînement avec Le matin d’un jour de fête est conduit avec une belle souplesse par le chef belge, qui fait éclore progressivement et sans se disperser, la vitalité de cette conclusion chamarrée. Une belle ouverture de saison à l’Orchestre national de Metz.

Gilles Charlassier

Orchestre national de Metz, concert du 17 septembre 2021, Arsenal, Metz

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Gilles Charlassier

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