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Christoph Müller, directeur du Gstaad Menuhin Festival : “Paris était le centre de la vie musicale au 19ème siècle en Europe et la transmission a développé l’ADN de la musique française”

Christoph Müller, directeur du Gstaad Menuhin Festival : “Paris était le centre de la vie musicale au 19ème siècle en Europe et la transmission a développé l’ADN de la musique française”

07 July 2019 | PAR Yaël Hirsch

Du 18 juillet au 6 septembre 2019, le 63 e Gstaad Menuhin Festival invite Paris et la musique française dans les Alpes. Nous avons pu interviewer le directeur artistique de cet évènement depuis 2002 pour qu’il nous en dise plus sur ce thème parisien concocté avec le pianiste Bertrand Chamayou et sur les académies et . 

Est-ce facile de mêler thème urbain et la quiétude des Alpes où nous plonge la musique du festival ?
C’est la première fois que nous nous focalisons sur une ville avec toutes les sources musicales des époques du Baroque à notre temps. Une Ville comme Paris est un carrefour musical où les échanges entre artistes participent à la création. Il faut un centre urbain de rencontres comme une ville pour developer une scène musicale.

Quand vous pensez Paris, quel est le premier compositeur qui vous vient à l’esprit ?
Pour nous les suisses, les compositeurs de l’impressionnisme comme Debussy et Ravel expriment bien cet esprit parisien. Mais en fait Paris était le centre de la vie musicale au 19ème siècle en Europe et la transmission entre les générations de compositeurs a développé cet ADN de la musique française. C’est fascinant pour nous de découvrir Berlioz qui était une inspiration pour Bizet qui a attiré aussi l’intérêt de Brahms et Wagner etc. et Saint-Saëns qui était le professeur de Franck, qui a influencé Fauré qui lui-même a enseigné Ravel…

 Pouvez-vous nous dire comment vous avez choisi les figures emblématiques de la ville lumière ?
Bertrand Chamayou et moi avons programmé ensemble 4 programmes français de musique de chambre très contrastés : Messiaen et Beethoven, Franck et Schubert et le kaléidoscope de la musique autour de Saint-Saëns. J’aime beaucoup developper des programmes avec une tonalité personnelle qui représentent le goût d’un artiste comme Chamayou.

Et côté lyrique : Carmen, c’est Paris ?
La musique de Bizet représente le romantisme français mais Séville c’est la ville de Carmen, peut-être pas 100% correct pour notre thème. 

Quels sont les grands orchestres attendus ?
Deux grands orchestres français sont attendus avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France et L’Orchestre National de Lyon. La Staatskapelle de Dresde et le Rotterdam Philharmonique ainsi que notre propre orchestre, le Gstaad Festival Orchestra, sont les autres grands orchestre.

Comment fonctionne les académies ?
Nous offrons depuis 2008 cinq académies (Piano, Voix, Cordes, Baroque, Direction). Les étudiants se présentent avec des videos YouTube et une lettre de motivation. La plus demandée est l’académie de direction où nous avons 300 demandes pour 12 places. La Gstaad Academy a été établie dans l’esprit de Menuhin qui a toujours invité des élèves et des amis pendant son séjour à Gstaad pour travailler et jouer ensemble.

Qu’est-ce que le programme « Play » ?
Le projet “play@menuhinfestival” s’adresse aux amateurs. Nous offrons deux semaines d’orchestre : une semaine pour les amateurs adultes et une semaine pour les jeunes. Nous recevons une centaine de musiciens qui travaillent pendant une semaine sous une direction professionnelle. Les résultats musicaux sont étonnants!

Quelle est la place des jeunes talents ?
Nous avons diverses plateformes pour les jeunes talents. D’abord notre série “Matinée des Jeunes Etoiles »qui offre chaque samedi matin un récital à un jeune talent. Il y a aussi le projet « Menuhin’s Heritage Artist », un programme de fidélisation sur au moins 5 ans où de jeunes artistes ayant connu comme Menuhin un destin d’enfant prodige sont invités à venir se produire durant au moins 5 années au festival.

Il y a aussi du jazz et du cabaret avec Blue note et Ute Lemper… Le public est-il le même ?
Dans la série “Todays Music” on ouvre la porte aux autres genres et styles. Le public est préparé à faire une autre expérience. Il faut avoir une certaine curiosité pour ce type de concert.

Vous dirigez le festival depuis 2002, comment faites vous pour vous renouveler chaque année ? Où allez vous écouter des interprètes et des partitions nouvelles ?
Je suis basé à Bâle et je suis actif dans diverses régions du monde de la musique: en tant qu’organisateur de concerts à Lucerne et à Bâle, en tant que producteur de projets culturels tels que Haydn2032 ou le Basel Composition Competition mais aussi en tant que manager artistique de l’Orchestre de chambre de Bâle. C’est très stimulant d’avoir ses diverses activités et très important aussi de chercher de nouvelles inspirations dans d’autres environnements.

visuels : photos officielles : Michel S Zerban & Raphael Faux.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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