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Olivier Py analyse la distance entre le sarkozysme idéologique et le sarkozysme réel

Olivier Py analyse la distance entre le sarkozysme idéologique et le sarkozysme réel

13 March 2012 | PAR Celeste Bronzetti



Dans un article paru dans les inrockuptibles, Olivier Py livre quelques observations qui ressemblent fort à un véritable bilan de la politique culturelle du gouvernement Sarkozy. Par le biais du domaine qu’il connaît : la culture, le metteur en scène et directeur du théâtre de l’odéon souligne certains paradoxes du “sarkozysme” comme idéologie politique.

La nouvelle de la mise à la porte d’Olivier Py à la direction de l’Odéon après seulement 5 ans d’exercice avait nourri plusieurs rumeurs dans le milieu culturel. La remise de la direction du Festival d’Avignon 2013 ne devait pas tarder à apaiser les turbulences que l’annonce du congédiement de Py du théâtre de l’Odéon avait attisées. Un an a passé depuis ces événements et  le Festival de théâtre le plus important de France approchant, Olivier Py ouvre une tribune sur son blog sur le site des Inrockuptibles. Il y pose deux questions centrales concernant la politique du gouvernement : existe-t-il une idéologie sarkozyste? Si oui, alors deuxième question : Sarkozy est-il effectivement sarkozyste?
Il l’a été, comme candidat il y a cinq ans, il a arrêté de l’être pendant sa présidence, il en a repris les propos maintenant, de nouveau en qualité de candidat. Le sarkozysme idéologique, explique-t-il, était un anticapitalisme libéral innovant et contre toute tendance conservatrice. Il se proposait des objectifs historiquement et traditionnellement liés à la gauche progressiste. Première anomalie. Mais « la tragédie c’est simple, le drame c’est compliqué » : Olivier Py fait appel à une question traditionnelle de la théorie théâtrale, celle de la distance entre le texte et la mise en scène, celle du rapport entre la lettre écrite et la parole sur la scène. On n’est pas trop loin, il nous semble, du prisme à travers lequel il interprète la question du Sarkosysme : d’ailleurs il ne parle pas, comme il souligne lui-même, en tant que politologue, mais en tant qu’homme de théâtre, voir, on est tentés de spécifier, intellectuel.

En quoi le sarkosysme réel s’est-il différencié du sakosysme idéologique? C’est dans le domaine de la politique culturelle que cette analyse devient particulièrement intelligente et incisive. La distance entre la parole et l’action, entre l’homme qui a construit ses idées dans les salles de Sciences Po et le président semble se concrétiser surtout en politique culturelle : il est difficile, souligne Py, de faire coïncider l’image du candidat qui méprise la culture savante et célèbre la gratuité des musées pour les moins de 25 ans, avec le président qui exige du rendement comme si la culture était une entreprise et qui pénalise le téléchargement avec l’Hadopi. Sarkozy se montre donc anticapitaliste quand il s’oppose à une culture savante et élitaire, mais il semble contredire le renouvellement qu’il propose à l’intérieur de la droite quand il supporte la dérive du libéralisme, qui va dans la direction d’une culture de pur divertissement.

Tout en mettant en lumière des point centraux d’une politique culturelle qui semble révéler les contradictions essentielles de la présidence Sarkozy et, peut-être, du monde politique en général, Olivier Py développe une réflexion qui ne pourra pas, malheureusement, ouvrir un débat élargi. Si les nombreuses idées fortes qu’il esquisse étaient développées elles-mêmes de façon moins technique, l’abord de sa tribune aurait été plus facile.  Si vraiment il avait réussi à parler en tant que citoyen et non pas comme intellectuel, comme il s’était proposé de le faire au début, tous auraient pu goûter cette question cruciale de la distance entre la parole et l’action en politique.
Mais ce texte fin et (trop?) intelligent ouvre également de nombreuses pistes de à réflexions. Des questions ouvertes, qui peut-être n’ont pas de réponse, auxquelles on doit cependant réfléchir et probablement en dehors de la métaphore de la distance entre le texte littéraire et la mise en scène de l’œuvre théâtrale.

Visuel (photo du bâtiment conçu et réalisé par les architectes Francis Soler et Frédéric Druot) : (c) Hatuey Photographies

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Celeste Bronzetti

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