“Magma” rencontre entre deux danses
La biennale de flamenco au Théâtre Chaillot ferme bientôt ses portes. Deux danseurs, Marie-Agnès Gillot et Andrès Marin, admirés dans leurs domaines, revisitent le flamenco en soliste ou en duo sous la direction de Christian Rizzo. Un rendu parfois froid malgré la virtuosité et le désir d’innover.
Un besoin nécessaire de changer les habitudes…
Trois bouts de mur occupent le plateau et s’habillent de lumières, ils semblent même bouger par moments. Des ombres se dessinent alors avec les bras classiques ou sévillans. La musique tente de donner une nouvelle forme à la danse espagnole. Les percussions dominent. Le rythme s’emballe. Le spectateur est plongé dans une transe. Quand les adeptes du flamenco savourent le chant et le “zapateado” (mouvement typique de pieds), ici ce sont les instruments qui emportent l’assistance, comme un hommage.
Une oeuvre née sous une bonne étoile
Brigitte Lefèvre, ancienne directrice de la danse de l’Opéra de Paris et maintenant directrice du festival de la danse de Cannes a demandé à trois artistes de créer “Magma”.
L’étoile Marie-Agnès Gillot, jeune retraitée de l’Opéra de Paris, s’est très vite illustrée dans le style contemporain. C’est d’ailleurs sur une oeuvre de Carolyn Carlson (“Signes”) qu’elle a gagné son titre d’étoile il y a 16 ans. Elle est l’une des rares de l’Opéra de Paris à avoir décloisonné son art en devenant jury pour une émission de télé “la meilleure danse” sur W9.
Andrés Marin, danseur contemporain de flamenco, héritier d’une lignée Sévillane, joue sur la rencontre entre les styles. Il collabore avec les meilleurs : Kader Attou, Jiri Kylian ou encore Blanca Li.
Dans ce trio, Christian Rizzo, passé par l’opéra, les arts plastiques et la danse, assume la mise en scène. Aujourd’hui, les trois proposent donc une réflexion autour du flamenco et du classique.
Deux musiciens les accompagnent sur scène tout le long du spectacle, le batteur Didier Ambact et le contrebassiste de jazz, Bruno Chevillon.
… mais un manque de complicité
Duos et solos se succèdent et permettent d’apprécier leurs talents. Les bras de cygnes de Marie-Agnès Gillot esquissent quelques courbes espagnoles. Son physique atypique de danseuse la rend unique. Elle est suivie par Andrès Marin qui nous rappelle pourquoi il est l’un des danseurs de flamenco les plus réputés tant par sa capacité à provoquer le public que par ses qualités techniques. Dommage que la confrontation de ces deux-là ne soit pas plus féroce. Quand ils dansent ensemble, pas de regard, aucun défi. Ils se respectent, peut-être un peu trop.
Dans ce Palais Chaillot, nul doute que cette partition détonne et peut déstabiliser le public. Ce duo atypique, cette musique parfois assourdissante, ce décor froid, la proposition est osée et ne laissera pas indifférent.