
“Possibles futurs” d’Eugène Guillevic, la juste mesure des choses.
Eugène Guillevic (Carnac, Morbihan, 5 août 1907 – Paris, 19 mars 1997) est l’un des plus importants poètes français de la seconde moitié du XXe siècle. Il ne signa jamais ses nombreux recueils que de son seul nom, Guillevic. Catholique, puis communiste, et après une période de résistance, de rébellion contre l’ordre social et l’ordre des choses, Guillevic tente d’apprivoiser le monde et son silence. Sa poésie est concise, franche comme le roc, rugueuse, mais généreuse.
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Ce recueil regroupe des poèmes édités entre 1982 et 1994. C’est aussi le vingt-deuxième recueil que Guillevic publie, et le dernier de son vivant. Il contient : La plaine – Elle – Lyriques – Le matin – De l’oiseau – Le soir – L’innocent – Hôtes de la lumière – Du silence. Évoquant son recueil, Guillevic disait simplement que ce qui s’exprime là, «c’est ce que vit un vieux poète toujours en révolte contre les à quoi bon».
Poésie des origines habitée par l’esprit de la lutte, ces courts textes, proches des haïkus dans leurs formes, nous révèlent des promesses de révolution, mais aussi de plénitude, de sérénité et de changements qui ne viennent pas. Mais jouons, continuons de jouer, d’y croire, de croire en la justice, l’égalité, la solidarité, les rêves, contre la servitude, le matérialisme, et la dévastation physique et spirituelle de l’homme. Débarrassé de l’inutile, du superflu, Guillevic nous invite à la méditation, à la dégustation, à l’ivresse.
“Tout est donc ainsi: / Je te fais mal, / Tu me fais mal. / Pouce! / Trouvons un autre jeu.”
“Possibles futurs” d’Eugène Guillevic, 199 pages, Poésie/Gallimard.