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Passer la nuit de Marina de Van : autopsie d’une dépression

Passer la nuit de Marina de Van : autopsie d’une dépression

28 July 2011 | PAR Yaël Hirsch

Ancienne de la Femis, actrice de François Ozon et réalisatrice de deux long-métrages : Dans ma peau (2002) et Ne te retourne pas (2009), avec Monica Bellucci et Sophie Marceau, Marina de Van livre avec “Passer la nuit” un journal à nu sur quelques journées de dépression profonde d’une femme de 39 ans. Un court texte saisissant. A paraître chez Allia le 18 août 2011.

Les heures passent très lentement pour la narratrice. Chaque geste simple du quotidien est un poids. Il y a bien sûr beaucoup de sommeil, quelques douches, des frénésies d’activités simples comme le classement du courrier ou le rituel d’une rencontre avec une amie pour parler de leurs avancements respectifs dans leur travail d’écriture. Mais en cette période de dépression, qui fait peut-être suite à une rupture amoureuse, le vide et l’angoisse prennent toute la place, et tout est douloureux, sauf l’alcool : le vin blanc calme parfois un peu la peur, le désœuvrement et le sentiment de solitude.

Description clinique de longue journée d’angoisse, “Passer la nuit” ausculte avec réalisme les états du corps face à l’angoisse. Dans le vide d’une non-vie que rien ne touche, le corps et ses besoins présents prennent toute la place. Et l’observation du petit monde extérieur tient lieu de tuteur. Surtout, les petites épingles simples de plaisir (la sensation des draps, des cheveux mouillés) que les gens “normaux” ne remarquent pas prennent également une très grande place puisqu’elles rappellent que la vie peut exister malgré tout. “Passer la nuit” est un récit nu, dur et extrêmement bien écrit.

Marina de Van, Passer la nuit, Allia, 144 p., 9 euros. Sortie le 18 août 2011.

Tous ces bruits semblaient hurler, crier en moi, briser la paix fragile que je m’étais maladroitement forgée. Ils résonnaient, détruisant la sensation d’unité que j’avais construite dans la sérénité d’un moment. Ils claquaient, frappaient, me laissaient excédée, vidée, impuissante à recouvrir la rumeur plus douce de mes voix intérieures, d’un murmure rompu.” pp. 16-17″

 

Photo : © Vessela Kroucheva.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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