Livres

Notre mère la guerre, première et deuxième complaintes

19 December 2010 | PAR Sonia Dechamps

En attendant le troisième volume de « Notre mère la guerre », lisez – d’urgence – les titres déjà parus :  première et deuxième complainte.

Certaines collaborations font des miracles, celle entre Kris et Maël est de celles-ci, apparaissant dès les premières pages de « Notre mère la guerre » comme une évidence.

Le lieutenant Roland Vialatte – sur ce que le lecteur imagine ne pouvoir être que son lit de mort – fait part de ses souvenirs, transmet. Il entraîne ainsi ceux qui le veillent – et surtout le lecteur – en 1915, en pleine guerre.
Alors chargé de mener une enquête au sujet de meurtres de jeunes femmes, le lieutenant raconte comment il s’est retrouvé confronté à la réalité de la guerre et admet : « le sacrifice “patriotique” que je concevais était bien différent de celui dont je découvrais la sinistre réalité. » Et ce même Roland Vialatte de faire cet autre constat, concordant : « La guerre m’apparaissait sous un autre jour. Je n’en distinguais plus la poésie, l’épopée ou l’aventure. J’en comprenais seulement l’immense gâchis. »

La bande dessinée n’épargne pas au lecteur les bombardements, les morts, le sang, mais ce n’est jamais ni gratuit ni morbide.
Les couleurs utilisées par Maël sont sombres, forcément, mais alors que la première impression est celle d’un dessin froid, le lecteur se rend rapidement compte de la richesse de l’illustration, de sa beauté. Quand la neige tombe, il frissonne. L’aquarelle permet à Maël d’utiliser des « nuances presque neutres mais toujours colorées ». Et cela fonctionne. Le dessin est d’une grande précision sans pour autant apparaître trop « appliqué ». Il touche, tout simplement.

Le récit est lui particulièrement intéressant en ce que Kris s’attache aux hommes, à l’humanité dans cette « mère des guerres ». Sont ainsi évoqués – et plus ! – l’image des femmes chez les soldats ainsi que l’envoi de très jeunes hommes sur le front, thèmes desquels le lecteur est peu familier ; ce qui ne fait qu’accentuer son intérêt, sa curiosité.

Ne reste plus au lecteur qu’à patienter ; à attendre avec impatience la suite et – malheureusement – fin de « Notre mère la guerre ».

 

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Sonia Dechamps

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