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La Note Américaine de David Grann : critique d’un livre qu’il faut absolument lire

La Note Américaine de David Grann : critique d’un livre qu’il faut absolument lire

09 March 2018 | PAR Marine Stisi

Les Editions Globe publient La Note Américaine, un livre absolument passionnant sur un fait divers oublié de l’histoire des Etats-Unis : les assassinats en masse de membres d’une tribu indienne dans les années 20. Finaliste du National Book Award 2017, ce livre du journaliste et romancier David Grann est complètement addictif et totalement fascinant. 

[rating=5]

Histoire de la Terreur

Au cœur de la passionnante histoire des Etats-Unis, celle du début du siècle dernier, un fait divers aujourd’hui presque enterré a secoué le pays. En l’espace de quelques jours, deux membres de la tribu Osage, une tribu indienne vivant dans le fin fonds de l’Oklahoma, disparaissent. Ils sont retrouvés quelques jours plus tard, une balle dans la tête. Puis les disparitions et autres morts subites s’accumulent. Des empoisonnements, une maison qui explose… C’est une hécatombe. C’est le début de ce qu’on appellera plus tard Le Règne de la terreur, une période des plus sordides qui durera (officiellement) quatre ans durant laquelle des dizaines d’Osages mourront dans des circonstances étranges.

Quelques années plus tôt. Persécutée, reléguée au second plan, la tribu Osage n’a pas échappé au traitement accordé à ses pairs par l’Etat : déplacement de populations, tentative d’intimidation et d’isolation… Seulement voilà. Les Osages, a qui l’on a attribué des terres arides et minérales en Oklahoma ont découvert que ces terres recouvraient en réalité le plus grand gisement de pétrole du pays. En un rien de temps, les Osages sont devenus richissimes. Quand un américain blanc peinait à se payer une voiture, les Osages en avaient parfois dix. Ils envoyaient leurs enfants dans les meilleures écoles, habitaient dans de somptueuses maisons, avaient des domestiques blancs.

Alors, quand les membres de cette tribu commencent à disparaître les uns après les autres, les questions se posent : où commencent les coïncidences et où commencent les règlements de comptes ? Mais surtout, qui trouve-t-on à la tête de ces assassinats sans fin, de cette terreur désormais instaurée au cœur de la communauté ?

Les premiers shérifs à tenter d’élucider l’affaire font rapidement face à un mur. Leurs enquêtes ne donnent rien, ils jètent rapidement l’éponge. Il faudra attendre l’arrivée d’un jeune homme ambitieux à la tête du Bureau of Investigation, le futur FBI, pour que les choses, enfin, bougent. Il s’appelle Edgar J. Hoover et il voit en cette affaire l’occasion irréfutable de faire ses preuves. L’état s’empare du dossier.  Et en son nom, Tom White, fils d’un directeur de prison, un vrai gars loyal, honnête et droit.

Non sans peine, cet homme remontera le fil de ce qui se révèlera comme étant une des organisations criminelles les plus sordides de l’histoire. Une affaire digne d’un des plus grands polars de la littérature et qui se lit comme tel.

Plus noir que le meilleur des romans noirs 

Pendant des années, David Grann, reporter au New-Yorker et auteur du très populaire La Cité perdue de Z, a travaillé avec minutie sur des documents inédits, retournant notamment à Pawhuska dans l’Oklahoma pour mener son enquête, rencontrer des descendants d’Osages, tenter de combler les vides laissés par les agents du FBI, les multiples questions sans réponse de cette histoire incroyable.

En résulte un document d’une précision étonnante, excessivement bien documenté, et pour couronner le tout, écrit d’une plume claire et franchement romanesque. En plus de conter une histoire aux rebondissements incessants, il met en lumière la terrible injustice que fut celle du traitement infligé aux natifs américains et offre une mémoire aux centaines de victimes pendant près d’un siècle ignorées.

Ce n’est rien de le dire, ce livre est absolument fascinant. Si fascinant que Martin Scorsese, qu’on sait passionné par l’histoire de son pays, a décidé d’en faire un film qui sortira en 2019 avec, dans les rôles-titres, Leonardo Dicaprio et Robert De Niro. On trépigne d’impatience.

La Note Américaine, David Grann, Editions Globe, 352 pages, 22€

Date de publication : 8 mars 2018

Visuel : DR

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Marine Stisi
30% théâtre, 30% bouquins, 30% girl power et 10% petits chatons mignons qui tombent d'une table sans jamais se faire mal. Je n'aime pas faire la cuisine, mais j'aime bien manger.

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Commentaire(s)

  • C’est noté

    March 16, 2018 at 16 h 49 min

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