Rencontre avec Takehiko Inoué, mangaka internationalement reconnu
A l’occasion de sa venue au Salon du livre de Paris, où la section manga prend de plus en plus d’importance, nous avons eu la chance de rencontrer Takehiko Inoué, le sympathique mangaka star. Après plus de vingt ans de carrière et une multitude de prix prestigieux (prix Tezuka en 1988, prix Shôgakukan en 1994 et bien d’autres) l’auteur de Slam Dunk et de Vagabond, dont la barre de cent millions de titres, toutes séries confondues, a été dépassée, vient pour la première fois à Paris à l’occasion du salon du livre. C’est dans un grand hôtel parisien que l’entrevue a eu lieu.
TLC : Outre Musashi (roman écrit en 1935 par Eiji Yoshikawa narrant les aventures de Miyamoto Musashi, un rônin en quête d’adversaires puissants) quelles sont les sources d’inspiration et d’informations dont vous disposez ?
TI : L’histoire de Musashi était juste un point de départ. D’un point de vue de la mise en scène et des images, ce sont principalement les films d’Akira Kurosawa.
TLC : Quel degré de liberté vous accordez-vous dans la narration de l’histoire et la personnalité de vos personnages?
TI : L’auteur de Musachi étant décédé, avant de débuter la série Vagabond, j’ai rencontré son fils qui détient les droits. Il m’a alors incité à prendre autant de libertéque je le souhaitais. Par exemple, Kojirô Sasaki qui est très bavard dans le roman, est devenu un personnage sourd-muet dans le manga.
TLC : Toutes séries confondues, parmi tous les personnages que vous avez créés, y en a-t-il un que vous préférez? Et si oui, pourquoi?
TI : Je les apprécie tous de manière égale. Mais il est vrai que lors de la création, il y a une affection particulière pour certains personnages. Finalement, tout dépend du moment.
TLC : Connaissant le rythme très soutenu des parutions de mangas dans les magazines de pré-publication, avez -vous développé des habitudes ou des méthodes de travail particulières?
TI : Malgré plus de 20 ans de carrière, c’est toujours une réelle préoccupation. A chaque fois, j’essaye de prévoir un planning suffisant pour chaque étape (Nb TLC : scénario, storyboard, accord de l’éditeur, découpage, esquisse, encrage, tramage et enfin mise en place des dialogues) mais à chaque fois, la dead-line approchant, je finis par passer également mes nuits au travail afin de terminer à temps.
TLC : D’un point de vue technique, pourquoi être passé du feutre au pinceau?
TI : Au fil des ans, j’ai ressenti des limites lors du travail à l’aide de crayons. Le pinceau, quant à lui, est beaucoup plus fluide dans son usage. De plus, les dessins aux pinceaux ont tout de suite une atmosphère différente.
TLC : Une question plus personnelle si vous le permettez. Vous êtes maintenant un auteur célèbre, mais comment ont réagi vos proches lors de vos premiers succès?
TI : Parmi les personnes les plus proches, famille et amis de longue date, il n’y a pas eu de réel changement. Cependant, le nombre de prétendus amis a augmenté considérablement…
TLC : Pour votre première visite à Paris, avez- vous pu visiter un peu la ville et goûter à la cuisine française?
TI : Étant arrivé hier soir, j’ai seulement eu l’occasion de visiter les alentours de l’hôtel (Nb TLC : le quartier de la Madeleine). Je n’ai pas l’impression d’avoir visité le vrai Paris, ici, il n’y a que des boutiques de luxe. Mais j’espère avoir un peu de temps pour visiter un peu.
Quant à la cuisine, à part mon repas d’hier soir, je n’ai pas encore eu l’occasion de m’y essayer. Mais j’en attends beaucoup (rire).
TLC : Nous voici arrivés à la dernière question. Quelle image vous faites- vous de Paris?
TI : Pour moi, Paris est la ville artistique par excellence, où se promènent de belles jeunes femmes et de beaux jeunes hommes.
TLC : Nous allons essayer de ne pas vous décevoir alors.
TI : (rire)
Merci à Fabien Nabhan pour la traduction et aux éditions Tonkam pour avoir organisé cette rencontre.
Visuels : VAGABOND © I.T.PLANNING Inc.