Essais
« Le génie lesbien » d’Alice Coffin : de la force d’être lesbienne

« Le génie lesbien » d’Alice Coffin : de la force d’être lesbienne

30 September 2020 | PAR Marine Stisi

Donner aux lesbiennes de la visibilité, reconnaître haut et fort l’importance des lesbiennes dans le militantisme et parler de son propre parcours en tant que lesbienne en France, telle est l’intention d’Alice Coffin, journaliste et militante féministe et LGBT, en publiant Le génie lesbien aux Editions Grasset

 

“L’affaire Christophe Girard”

Entre le moment où le point final a été donné à son livre et sa publication, de l’eau a coulé sous les ponts pour Alice Coffin. Cet été, en tant qu’élue au Conseil de Paris, elle a réclamé avec force et intégrité le départ du maire-adjoint à la Culture de Paris, Christophe Girard, dont les liens ambigus avec l’affaire Matzneff et les accusions pour viols sur mineurs de ce dernier (avant que Girard ne soit lui-même accusé d’abus sexuels) justifiaient le questionnement. Depuis, Alice Coffin est victime de cyberharcèlement, les insultes sont devenues monnaie courante et elle a même été placée sous protection policière au mois d’août.

Profession : militante ? 

L’été donc, n’a pas été clément pour cette journaliste dont le militantisme ne date pas d’hier. Pourtant, sa détermination reste égale à celle qu’elle déploie depuis plus de dix ans dans les luttes qui sont les siennes. Cofondatrice de la Conférence européenne lesbienne et de l’Association des journalistes LGBT, membre actif du collectif La Barbe (« un groupe d’action féministe qui dénonce le monopole du pouvoir, du prestige et de l’argent par quelques milliers d’hommes blancs »), Alice Coffin a derrière elle une longue expérience de la lutte. Ses actions, ses convictions et ses croyances, autant que quelques épisodes plus personnels, elle a décidé de les condenser dans un livre, Le génie lesbien, qui paraît ce 30 septembre aux Editions Grasset. Un livre au titre évocateur emprunté à la conférence européenne lesbienne donnée en 2019.

Au programme de cet ouvrage, beaucoup de rappels historiques, de multiples références et anecdotes, des citations de femmes rencontrées à différentes occasions, notamment aux Etats-Unis. Alice Coffin cite les femmes, souvent elles-mêmes lesbiennes, pour forger un récit politique et médiatique du lesbianisme, mettant le doigt, entre autres, sur ce qu’elle considère comme un manque de visibilité et de reconnaissance des lesbiennes dans les médias et dans la politique. Pourtant, affirme-t-elle, les lesbiennes sont « les meilleures militantes du monde ».   

Être neutre ou ne pas être

Le génie lesbien permet également à son autrice de développer son analyse des médias français (en opposition notamment aux médias américains, Alice Coffin ayant passé quelques mois aux Etats-Unis), éclairant une différence nette entre les deux cultures : la question de la neutralité.

Qu’est-ce qui justifie qu’un journalisme militant aux Etats-Unis soit bien vu quant en France, la notion de neutralité est sacro-sainte ? Pourquoi en France, il est encore ordinaire de refuser à un membre d’une communauté d’écrire un article sur un sujet portant justement sur sa propre communauté ? Comment expliquer qu’aucune femme voilée n’est jamais invitée sur un plateau de télé, quand c’est précisément le voile dont il est question sur le plateau en question ? Comment justifier que lors des débats autour de la PMA, aucune lesbienne ne soit jamais invitée à donner son avis ? 

A toutes ces questions, Alice Coffin tente d’apporter des réponses, nourries de ses propres expériences. Son livre, d’ores et déjà polémique, mérite la lecture ne serait-ce que pour se faire son propre avis, et constater que tous les torts qui lui sont reprochés ne sont pas forcément réalité.

Le génie lesbien, Alice Coffin, Editions Grasset, 240 pages, 19€.
Date de parution : 30 septembre 2020

Catherine Meurisse dessine avec légèreté au Centre Pompidou
Jeu concours : gagnez un pass pour deux personnes pour le festival Jazz Sur Seine
Avatar photo
Marine Stisi
30% théâtre, 30% bouquins, 30% girl power et 10% petits chatons mignons qui tombent d'une table sans jamais se faire mal. Je n'aime pas faire la cuisine, mais j'aime bien manger.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration