
L’Autocollant, un premier roman poétique et politique
Premier roman de la journaliste italienne Leonora Sartori, l'”Autocollant” permet à l’Italie des années 1980 et à l’histoire de l’apartheid dans le township de Vereeniging de se rencontrer. Un livre qui allie toute la poésie de l’enfance avec la cruauté du politique dans ce qu’il a de plus cynique. Sortie le 3 février 2011.
L’Autocollant commence comme les Mots de la tribu, de Natalia Ginzburg : le père met son rucksack pour emmener sa fille de six ans (et la mère et le frère) en expédition. Sauf que le père ne se rend pas à la montagne, mais à une manifestation gauchiste. Et qu’on est dans les années 1980, ce qui laisse à la petite fille toute la latitude d’être ironique. Dans la chambre des enfants, un tiroir contient toutes les causes que les parents ont soutenues. Causes perdues de “loosers” selon les mots de la petite fille devenue adolescente. Sauf celle de la libération de six noirs injustement incarcérés lors des émeutes de 1984 à Sharpeville, en Afrique du Sud. Bien des années après leur emprisonnement, leur torture et leur faux procès, ces victimes sont bel et bien libérées…
Livre hommage aux idéaux de la génération de nos parents, l’ “Autocollant” mêle avec brio le monde magique d’une petite fille italienne chérie par ses parents et chacune des histoires de peur et de douleur des six noirs victimes de la justice sud-africaine. Un très beau livre.
Leonora Sartori, “L’Autocollant”, trad. Jean-Luc Defromont, Liana Levi, 176 pages, 15 euros. Sortie le 3 février 2011.
“C’était un dimanche de printemps, en 1984. J’avais six ans et pour moi brosse à dents et dentifrice étaient une seule et même chose. Ce matin-là, de mon lit, je percevais une forte odeur de café et le crépitement des tranches de pain sur le gril.” p. 27