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Livre : Les mots de la tribu, de Natalia Ginzburg

06 January 2009 | PAR Yaël Hirsch

mots de la tribuMère de l’historien Carlo Ginzburg et femme du journaliste martyre de la Gestapo Leone Ginzburg, Natalia Ginzburg est l’une des plus grandes écrivaines italiennes du XXe siècle. Après la réédition de « Tous nos hiers » chez Liana Levi en 2004, c’est au tour des Cahiers rouges de chez Grasset de réimprimer un texte autobiographique de l’auteur italienne « Les mots de la tribu » raconte la vie de la famille Levi à Turin avant et pendant la montée du fascisme.

Les mots de la tribu sont toujours et avant tout ceux du père, le biologiste Giuseppe Levi, juif intellectuel issu d’une lignée de banquiers mais n’ayant aucun sens de l’argent qui file, aucun goût pour la musique, et des tonnes de principes stricts à faire respecter. Ayant très peur que ses enfants ne travaillent pas assez à l’école, il traite leurs amis  un peu paresseux d’ « emplâtre », d’ « andouille » ou de « nègre » (p. 88). La mère, Livia, est catholique de naissance  mais profondément athée, cyclothymique dans ses affections et assez obsessionnelle sur ce qu’il convient de faire et où. Natalia est la cadette des cinq enfants de ce couple, un peu moins sous la pression du père puisque les filles après tout sont faites pour être mariées et qu’elle est plus sage et moins attirée par les bals et les belles toilettes que sa sœur Paola.

C’est avec infiniment de tendresse qu’elle rapporte ces mots,  leurs mots, les mots de la famille, comme autant de trophées qui auraient encore pu se passer de génération en génération- à l’image du mythique « Vous faites un bordel de tout ! » grand-maternel- si la guerre n’avait pas obligé Giuseppe à se cacher dans les Abruzzes et à enseigner dans la froide Belgique et si elle n’avait pas coûté à Natalia la mort de son mari.

Le ton est mutin et enjoué au début et l’on a l’impression d’entrer en immersion dans la famille Levi et d’apprendre à connaître les tics et les manies de chacun de ses membres. Dans la deuxième partie du livre, l’auteure reste froide, lointaine, à propos d’un histoire familiale brisée par celle de l’Italie fasciste.

Une fresque pleine de vie, où l’on croise aussi bien Cesare Pavese que l’oncle Cesare.

Natalia Ginzburg, « Les mots de la tribu », Les Cahier rouges, Grasset, Traduction Michèle Causse, 9,20 euros.

“Parfois, mes frères et ma mère gémissaient d’ennui dans ces villégiatures de montagne et ces maisons isolées où ils n’avaient plus distraction ni compagnie. Moi, comme j’étais la plus petite, un rien m’amusait et à cette époque là, j’ignorais totalement l’ennui.
– Vous autres, disait mon père, vous vous ennuyez parce que vous n’avez pas de vie intérieure”
p. 22

Yaël Hirsch

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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