Dos à dos, quand la famille donne des frissons
Le troisième roman de Sophie Bassignac met en scène une famille déchirée entre Saint-Tropez et Paris. Extrêmement bien écrit, le texte à des faux airs de Françoise Sagan et se concentre en fait sur la figure sympathique du père. A découvrir aux éditions JC Lattès.
A la fin du mois d’Août, le beau et jeune Arnaud débarque à l’improviste dans la superbe villa de ses parents à Saint-Tropez. C’est sa mère qui fait bouillir la marmite, avec des livres de cuisine, tandis-que le père, Gabriel, est romancier et a décidé de s’arrêter d’écrire. Un soir, Gabriel suit son fils et découvre sa vie secrète de cambrioleur. Il met un détective privé sur la piste de son fils et commence une étrange relation avec la jeune-femme anglaise à qui Arnaud a pris des bijoux après l’avoir ligotée. Mais aucune enquête au monde ne pourrait renouer ce lien qui s’est défait entre le père et le fils …
Portrait en creux d’un jeune homme désœuvré et plein de rancœur, “Dos à dos” retrace subtilement les dissensions d’une famille qui baigne, malgré tout, dans l’amour. Autour d’Arnaud gravitent une kyrielle de personnages touchants, qui vont de la fiancée japonaise, à la mère, en passant par le détective qui le suit, le meilleur ami receleur, et la meilleure amie de la famille, une grande américaine raffinée qui ne se remet pas de la mort de son mari. Mais le personnage le plus touchant est le père, écrivain qui a abandonné sa plume pour observer le monde, complétement déboussolé par son incompréhension vis-à-vis de son fils, et toujours fou de sa femme, vingt-cinq ans après… Une belle fresque, portée par une écriture remarquable, et qui transcende le narcissisme de la jeunesse par l’art du portrait et une réflexion intelligente sur la création.
Sophie Bassignac, Dos à Dos, JC Lattès, 200 p., 16.50 euros.
“On n’écrit pas en temps réel. L’imagination, c’est du temps secoué.” p. 112