Livres

La poétique comtesse de Ricotta fait vibrer la Sardaigne dans le roman de Milena Agus

10 February 2012 | PAR Yaël Hirsch

L’auteure italienne de “Mal de Pierres” (Liana Levi, 2007) propose avec “La comtesse de Ricotta” un conte sarde à la fois poétique et cruel. Une écriture apaisante et profonde à (re)découvrir dès le 1ier mars chez Liana Levi.

C’est l’histoire de trois sœurs sardes. dans le temps leur famille a été riche et a même détenu un Palais, mais la maladie de leur mère à l’ascension rapide dans l’échelle sociale de l’île a fini de dilapider le patrimoine. Depuis, les trois sœurs n’ont gardé qu’un petit appartement mal meublé chacun. L’aînée Noemi se dépossède encore pour donner quelques meubles au paysan macho et plus jeune qu’elle dont elle est amoureuse. Maddalena passe son temps à provoquer le désir de son mari sans lui faire d’enfant. Et la cadette, institutrice velléitaire est tellement maladroite dans chacun de ses gestes qu’on dirait que ses mains sont faites de Ricotta…

Dans une ambiance sensuelle de décadence au soleil, “La comtesse de Ricotta” dépeint trois sœurs aussi mystérieuses qu’irrésistibles. A la fois venues de temps très anciens où les princesses attendaient leurs princes dans la tour du château et très moderne dans leur rapport libre au don de soi, ces trois femmes sardes aussi peu responsables qu’heureuse sont frappées d’une passivité quasi-magique. Un conte à la fois lumineux et grinçant dans lequel la talentueuse Milena Agus parvient parfaitement à régénérer son écriture imagée.

Milena Agus, “La comtesse de Ricotta”, trad. Françoise Brun, Liana Levi, 128 p., 13.50 euros. Sortie le 1ier mars 2012.

La comtesse lui trouve toujours des excuses. Le pauvre, il ne voulait pas d’enfant, il le lui avait bien dit. Et pour réparer les torts que lui ont causé ces courtes fiançailles avec elle, une femme de ricotta, elle passe son temps à lui offrir des meubles et des bibelots venus de son héritage. Et chez elle, c’est de plus en plus vide et désolé, et chaque fois, avec Noemi recommencent les raisonnements, et les portes et les fenêtres fermées au nez, parce que la comtesse de Ricotta aime ce qui est désolé et misérable et n’aime pas ce qui est riche.”, p. 48.

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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