Keith Haring: Journal
Beaucoup d’artistes ont tenu leur journal. Comme Dürer et Andy Warhol, l’artiste emblématique du pop art, Keith Haring a écrit le sien. Il s’étend sur les douze dernières années de sa vie qui furent aussi ses années de création artistique intense. De 1978 à 1990, où il meurt du sida à seulement trente et un ans, Keith Haring crée ce qui va devenir sa marque de fabrique. Ses traits simples représentant hommes, bébés, chiens, danseurs, technologie moderne sont universellement connus du monde entier. Après la rétrospective que vient de lui faire le musée en herbe à Paris, c’est au tour du Brooklyn Museum de New York de rendre hommage au travail de l’artiste en exposant des oeuvres de sa période allant de 1978 à 1982 du 16 mars au 8 juillet 2012.
L’historien d’art et artiste passionné qu’est Robert Farris Thompson retrace dans sa préface le parcours de cet artiste atypique, devenu une référence pour tous les artistes contemporains. Lui-même référencé, admiratif en particulier d’Andy Warhol, de Picasso, de Dubuffet, de Fernand Léger, de Stuart Davis et de bien d’autres, Keith Haring choisira pourtant de se démarquer de tous. Il cherche à rendre l’art ouvert à tous, sa générosité le pousse à concevoir des œuvres d’art pour les musées mais aussi pour les petits collectionneurs même les plus modestes, il offre ainsi ses travaux aux personnes chez qui il séjourne et même au personnel d’hôtels dans lesquels il a passé une nuit. Keith Haring laisse ainsi à tous le souvenir non seulement d’un homme de talent mais aussi d’une personnalité ouverte et très à l’écoute des autres. Homosexuel, l’artiste affronte avec courage les souffrances terribles que lui cause le sida et ne freine pas pour autant son énergie créatrice, bien au contraire. Il a le souci de laisser trace en Europe comme aux Etats-Unis, de créer un style inimitable qui puisse perdurer même après sa mort dans les musées, dans les rues, sur les vêtements de ses fans, leur mobilier, le papier…En ceci, il est le premier artiste qui ne vit que pour l’art mais sait aussi exploiter toutes les ressources du marketing.
Que nous apporte son journal que la vision de ses œuvres ne nous donne pas? Comme tout travail d’écriture intime, nous y percevons les souffrances, les inquiétudes et les doutes de son auteur mais aussi ses espoirs, ses désirs, son apprentissage de l’art, sa sexualité, ses amours. Keith Haring raconte sa vie de manière simple, épisodique, parfois très brièvement, parfois en s’étendant davantage sur ses états d’âme. Nous découvrons en le lisant à quel point son art est influencé par les autres arts: l’écriture, la musique et la danse jouent dans sa vie un rôle clé comme la peinture. De nombreux dessins et photographies en noir et blanc émaillent ce journal et nous permettent de mieux nous rendre compte de l’évolution artistique du jeune homme. Nous sentons en lisant les lignes qu’il a couchées sur le papier le foisonnement de sa pensée, il fait très vite des connexions entre différentes choses, qui, pour un observateur extérieur, n’ont pas forcément de rapport. C’est cela, être un artiste!
Un journal intime qui se découvre comme un trésor, un témoignage unique d’une vie vouée à la création pure.
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One thought on “Keith Haring: Journal”
Commentaire(s)
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Areyouin
Bonjour, j’ai acheté ce livre samedi matin à la sorti de l’expo, mais j’aimerai aussi le mettre sur mon ipad pour les vacances… Puis-je avoir un lien valide pour le pdf ? merci d’avance.