
Jean Vilar, “Notes de service”: l’essence du théâtre populaire
Publiées pour la première fois en 1985 dans les Cahiers théâtre Louvain N°53, les Notes de services, lettres aux acteurs et autres textes de Jean Vilar viennent d’être rééditées chez Actes Sud dans une nouvelle version revue et augmentée. Un ouvrage précieux pour tous les adeptes du théâtre dans ce qu’il a de meilleur.
Du premier festival d’Avignon qu’il créa en 1947 puis plus tard au Théâtre National Populaire, Jean Vilar n’a eu de cesse de communiquer avec ses équipes via le fameux tableau de service qu’il considérait comme un véritable outil de liaison. Des recommandations aux acteurs, aux coups de gueule administratifs en passant par les retours après représentations, Jean Vilar épingla sur ce tableau ses joies, ses colères, ses envies qui tour à tour se firent les témoins de son implacable exigence, de son humilité, de sa vision si juste du théâtre et du métier d’acteur.
Parfois anecdotiques, comme l’organisation des loges ou le contrôle des frais de taxi, parfois essentielles comme les notes aux acteurs où Vilar tricotait la construction des personnages après chaque représentation ou répétition, ces notes qui vont de 1944 à 1967 témoignent aussi de la vie quotidienne d’une compagnie de théâtre et de l’engagement absolu de son Directeur. Au-delà de ces notes, des lettres privées à d’autres comédien(ne)s, un dialogue avec Maria Casarès et plusieurs textes tout aussi fascinants ouvrent la porte de l’exceptionnelle aventure du théâtre tel qu’il doit être.
Un ouvrage à lire et à relire. Pour tous les passionnés et pour les artistes de la scène qui se refusent à s’éloigner de l’essentiel.
Notes de service – Lettres aux acteurs et autres textes 1944-1967 – Jean Vilar. Nouvelle édition: Frédérique Debril et Jacques Téphany. Editions Actes Sud – Collection Le temps du théâtre. Parution: Juin 2014 – 250p. Prix: 20€
Extrait: “ Il faut un jour mourir satisfait. Tu ne laisseras rien; peut-être dans le coeur de quelques-uns, l’exemple de l’honnêteté. Est-il encore des artisans dans ce monde mécaniste? Tu l’es. C’est peu, semble-t-il, car tu as pris le goût des tâches glorieuses. N’y cède pas. Cet orgueil que tu n’as pu, que tu dois ne jamais assouvir, je te vois l’indiquer à ton comédien qui, sur les tréteaux d’Avignon, répète Lear.
Réjouir l’homme est une tâche douloureuse. C’est la tienne. Les hommes doivent beaucoup aux pépiniéristes, aux arpenteurs, aux maçons. Ta misère est la leur.” (Note aux troupes invitées au Festival d’Avignon – Sans date)
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