Danse
[Festival d’Avignon] “I Am”, Lemi Ponifasio parle avec les morts dans la cour d’Honneur

[Festival d’Avignon] “I Am”, Lemi Ponifasio parle avec les morts dans la cour d’Honneur

20 July 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le chorégraphe Lemi Ponifasio est un grand chef Samoan, ses spectacles sont toujours empreints d’une profondeur méditative. Il amène dans la Cour d’Honneur les morts et les commémorations de la guerre 14-18 en les confrontant à l’emprise religieuse. Inégal.

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I Am commence très fort. On entend la Marseillaise dans sa version instrumentale alors que deux hommes debout, l’un tout en haut du Palais des Papes et l’autre, en militaire, sur le plateau, restent figés. Le décor est un panneau vertical gris qui barre le sublime mur à l’horizontal. S’ensuit une longue circulation des morts. Les fantômes sont une vingtaine, au pas si lent qu’ils semblent être en lévitation. L’image est magnifique.

Sur le fond, des idées formidables croisent des choses trop explicatives. Quel geste fort de mettre en scène le statut social de la statue commémorative. Ici, une femme en blanc, rasée, est couverte du sang qui est craché sur elle. Le soldat sera une autre stèle, entourée de fleurs et ne sera bon qu’à être arrosé.

A vouloir faire une prière interculturelle, Ponifasio se perd.  Une crucifixion vaut le détour comme le chant du muezzin plus tard, mais les gestes sont répétés sans atteindre une volonté radicale. Nous sommes dans un geste qui veut être compris, qui se raconte trop et qui se lasse à force d’être trop montré.

Malheureusement, le sujet s’en trouve amoindri par un message écrit, au sens propre du terme, sur le mur de la Cour. Le bien s’oppose au mal, les hommes ont chuté.  En s’attaquant aux ruines de la civilisation, Ponifasio a peut être vu trop gros. On l’avait adoré en chantre écolo dans Birds with Skymirors et dans The Crimson House où il allait plus loin dans l’esthétique et la lenteur maîtrisée. Ici, il quitte parfois la contemplation pour des danses frénétiques trop relâchées.

L’ensemble déçoit mais I Am bénéficie d’images de pure beauté qui elles feront date. On garde ce trio de femmes, tout en noir, les silhouettes sculptées par la lumière qui descendent vers nous dans un clair-obscur qui atteint des sommets. Le spectacle finit par se perdre, Ponifasio hésite entre plusieurs fins alors que l’ennui s’est déjà bien installé.

Retrouvez le Dossier Festival d’Avignon 2014 de la rédaction.

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