Ida Fink imagine le voyage de deux soeurs juives échappées de Pologne
Les éditions Héloïse d’Ormesson republient , 15 ans après, “Le voyage” d’Ida Fink : l’histoire de deux sœurs juives polonaises qui traversent l’Europe nazie. Prix de la Wizo et prix Anne Frank pour son roman “Le Jardin à la dérive”, l’auteure israélienne de langue polonaise s’est effectivement échappée du ghetto de sa ville natale : Zbaraz (Ukraine Polonaise).
A l’automne 1942, deux jeunes-filles juives, Kataryna et Elzbieta, parviennent à s’échapper du ghetto du leur village. Munies de faux papiers, fournis par leur père, elles tentent de survivre en s’enrôlant comme travailleuses volontaires en Allemagne. Chemin faisant, elles changent deux fois de nom, apprennent l’Allemand, et font toutes sortes de rencontres : certaines, salvatrices, d’autres, dangereuses, lorsqu’elles tombent sur d’autres filles de leur village qui risquent de les dénoncer. Et puis, jeunes femmes déjà, elles risquent également de s’amouracher, malgré les promesses déjà passées au pays, et malgré les conditions de travail complexes de leur dernier travail dans des fermes allemandes.
Cette odyssée de deux jeunes juives, exprimée dans une langue parlée et du point de vue de l’une d’entre-elles, est un roman vivant et plein de suspense. Au fil des kilomètres et face au danger, il y a peu de place pour la tendresse entre les deux sœurs, mais la fidélité absolue résiste dans l’impératif de ne jamais se séparer. Le roman d’Ida Fink est foisonnant et dépeint avec beaucoup de réalisme une histoire vraiment extraordinaire.
Ida Fink, “Le Voyage” (“Podroz”/ édition originale en Français ; Robert Laffont, 1992), Eho, Traduction : Laurence Dyère, 272 p. 19 euros, Sortie le 4 novembre 2010.