Fictions
« Sucre noir » de Miguel Bonnefoy : La forêt au trésor

« Sucre noir » de Miguel Bonnefoy : La forêt au trésor

15 October 2017 | PAR Julien Coquet

Des pirates, un trésor, une histoire d’amour et de l’alcool : Miguel Bonnefoy, pour son deuxième roman, livre un véritable roman d’aventure.

[rating=4]

On entre dans le roman par une image forte : « Le jour se leva sur un navire naufragé, planté sur la cime des arbres, au milieu d’une forêt. C’était un trois-mâts de dix-huit canons, à voiles carrées, dont la poupe s’était enfoncée dans un manguier à plusieurs mètres de hauteur. A tribord, des fruits pendaient entre les cordages. A bâbord, d’épaisses broussailles recouvraient la coque. » Le lecteur cinéphile pense alors au bateau que s’escrime à faire passer d’une colline à l’autre le personnage de Klaus Kinski dans Fitzcarraldo. En effet, Sucre noir est un condensé des images mythiques liées à la forêt équatoriale, aux pirates et à la recherche de trésor.

Tout commence par un bateau échoué là par hasard. Les pirates s’ennuient et, comme sur tout bon bateau de pirates, une mutinerie éclate. Trois siècles plus tard, la légende continue de circuler : un énorme trésor était protégé par le capitaine Henry Morgan ; les chercheurs de trésor se succèdent dans ce petit village des Caraïbes. La famille Otero, simple famille de paysans, va alors avoir sa vie bouleversée par l’arrivée d’un certain Severo Bracamonte.

A la manière d’un Jean-Baptiste Del Amo dans Règne animal, Miguel Bonnefoy fait le portrait d’une famille paysanne sur plusieurs générations. On passe d’une petite exploitation à une énorme rhumerie qui fait bien des jaloux dans la région. Les hommes s’escriment à trouver des pistes menant au trésor tandis qu’Eva Fuego dirige d’une main de fer son exploitation : la folie des hommes, même au fin fond de la forêt équatoriale, reste présente, peut-être même exacerbée par une chaleur accablante et un ennui profond. Grâce à une belle écriture, ce deuxième roman d’un écrivain né d’une mère vénézuélienne et d’un père chilien est un conte très réussi.

Sucre noir, Miguel Bonnefoy, Editions Rivages, 208 pages, 19,50€

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Julien Coquet

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