“Etranger résident”, Marin Karmitz expose sa collection à la maison rouge
La maison rouge accueille « Étranger résident », une exposition de la collection de Marin Karmitz, du 15 octobre 2017 au 21 janvier 2018. Il s’agit de la troisième exposition qui présente des œuvres de cette collection privée.
Le titre de l’événement peut faire écho au concept des expositions de collections privées, idée que la maison rouge a développée depuis sa création. En effet, des œuvres du prêteur, « étranger résident », occupent pour un temps, ce lieu parisien d’exposition d’art contemporain.
Dès ses premiers pas dans la fondation, le visiteur est invité à passer derrière le rideau, pour y découvrir « ce qui se trame » dans les coulisses, pour y distinguer les ficelles du décor. Ici, il aura l’opportunité de retracer la constitution d’une collection, de la défense d’artistes à des parti-pris et des engagements. Bien qu’il semblerait que le voile de l’illusion soit tombé et la magie du spectacle ait disparu, le spectateur se laissera cependant prendre à mille et une histoires, chacune s’entremêlant à d’autres, toutes relatant une intrigue différente.
Derrière le masque, un autre visage, celui du septième art. La scénographie particulièrement soignée relèverait presque d’un décor cinématographique : un couloir infini mène à d’innombrables pièces, chacune renfermant un secret, une énigme peut-être. D’un onirisme transcendant, la muséographie relève à la fois d’une sobriété superbe et d’une étrangeté surréaliste. Clin d’œil à la profession du collectionneur Marin Karmitz, tant producteur, que réalisateur, distributeur que fondateur de la société « MK2 », l’espace d’exposition tente sans doute de refléter l’univers dans lequel la collection a été pensée.
« Étranger résident » donne à voir une collection privée jamais accessible dans son ensemble et peu exposée. La collection est majoritairement composée de photographies, mais d’autres techniques sont largement représentées : vidéo, peinture, dessin, sculpture, installation, etc. Des œuvres exceptionnelles sont exposées. Des photographies de Lewis Hine dénonçant la misère sociale dans les premières années du XXe siècle aux Etats-Unis, des sculptures précolombiennes, des peintures d’art brut de Dubuffet, une photographie dramatique de Josef Koudelka prise à Prague en 1968, des installations et des vidéos remarquables de Christian Boltanski. Parmi les dernières œuvres présentées, Animitas Blanc, une vidéo de 2017 présentant un paysage chaotique d’un blanc monotone, dans lequel des clochettes tintent au gré du vent.
Finalement, le visiteur qui est accueilli dans l’intimité du collectionneur et qui en parcourt chaque facette, devient l’« Étranger résident ». Là, il y aperçoit le reflet du créateur, il y découvre l’autoportrait du compositeur. Les œuvres qui entourent le collectionneur font écho à ses propres intérêts et nourrissent ses questionnements : partout, il est question des tragédies de l’époque contemporaine. Peut-être, la constitution de cette collection est-elle une façon de mettre des mots et des images sur l’incompréhensible, sur l’inimaginable.
Une fois de plus, la maison rouge propose une exposition d’une grande qualité, à découvrir jusqu’au 21 janvier 2018.
Visuels :
Christian Boltanski, Animitas blanc, île d’Orléans, Canada, film couleur, 2017 © Christian Boltanski, Adagp, 2017. Courtesy Collection Marin Karmitz, Paris
André Kertesz, East River, New York, 1938 © Rmn – Grand Palais. Courtesy Collection Marin Karmitz, Paris