
“Notre désir est sans remède”, Mathieu Larnaudie transperce la folie de la société du spectacle
Pour cette rentrée littéraire 2015, Mathieu Larnaudie a décidé de remplacer traders (Les Effondrés, 2010) et les politistes (Acharnement, 2012) de côté. Avec Notre désir est sans remède, il s’attaque au portrait d’une starlette américaine commençant sa carrière dans le Hollywood des années 1930, Frances Farmer. Mais une fois encore, son personnage coulisse sur l’oppression de tout un monde…
[rating=4]
Star paramount des années 1930, Frances Farmer incarne l’angélique nymphette blonde dans des superproductions hollywwodiennes. Sa trajectoire va de Broadway à Hollywood et elle côtoie tous les grands de la période. Mais ce n’est pas tant son jeu d’actrice qui rendra Frances Farmer culte, que sa psyché fragile. Arrêtée par plusieurs fois dans les années 1940, elle est considérée comme “folle” et traitée par électrochocs et chocs d’insuline dans des hôpitaux psychiatriques. Quand elle en sort dans les années 1950, elle témoigne sur les divers abus que l’univers psychiatrique lui a infligés et recommence une carrière d’actrice et présentatrice.
Pas de cloche de détresse dans ce singulier portrait, toujours littéraire, jamais larmoyant, et noyant une grande partie du livre l’héroïne dans son milieu. Proposée comme fene^tre d’ouverture sur une certaine structure de société, Frances Farmer en vient à symboliser l’Amérique du premier 20ème siècle par le diktat de l’image, jusqu’aux limites. Un texte fluide, une pin-up dénudée sous un angle original – ni gourmand, ni empathique, et un joli roman tout à fait singulier.
Mathieu Larnaudie, Notre désir est sans remède, Actes Sud, 240 p., 13.99 euros. Sortie le 19 août 2015.
“La lumière n”exauce pas les corps, elle les massacre.” p. 9 (première phrase)
visuel : couverture du livre et portrait (c) mark meki