
« Les Parisiens » d’Olivier Py : exigeant et formidable
Olivier Py, homme de lettres, metteur en scène et écrivain, directeur du Festival d’Avignon, publie aux Actes Sud son quatrième roman, Les Parisiens. Dans cet écrit ô combien lyrique et poétique, philosophique et romanesque, Olivier Py fait voyager le lecteur dans les antres de la réussite parisienne, dans les couloirs brumeux du Ministère de la Culture ou des boîtes à plaisir… Surprenant et excellent.
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Le grand Paris, sur un air de Wagner…
Derrière les moulures du plus beau bâtiment du grand Paris hausmannien, le Palais Garnier, quelques individus bien placés se livrent à un combat sans merci. L’Opéra de Paris, l’institution culturelle la plus prestigieuse de France, cherche son nouveau directeur… Dans les couloirs du Ministère de la Culture, on chuchote le nom des candidats, alors même que le Ministre en personne est sur la sellette. Qui, Milo, grand chef d’orchestre adulé de tous, va-t-il favoriser lors de sa soirée mondaine ?
A ses pieds (ou serait-ce l’inverse ?), Aurélien. Pilier du récit, ce jeune homme aux cheveux couleur de feu va de dîner de prestige en réunion pour les droits des prostitués, de partouzes géantes en coulisses des spectacles et des petites manigances. Aurélien, faune magnifique et infâme, croise sur sa route vers la victoire (ou vers la défaite) une galerie de personnages affreusement violents socialement, moralement, politiquement ou physiquement. Les artistes, les journalistes, les commères, qui, se cachant derrière les grands airs de Wagner, en ont oublié leur humanité.
Un roman exigeant
Olivier Py publie avec Les Parisiens un roman qui enchante tout comme il répugne. C’est un conte sentimental, théologique, philosophique, pornographique et surtout, et évidemment, c’est un conte politique et culturel. C’est un roman fastidieux et complet, d’une exigence littéraire qui n’étonne pas de la part d’Olivier Py. La plume est absolument sublime et le style, soutenu, parfait.
Encore une fois –il l’a déjà fait dans ses pièces de théâtre-, Py s’attaque avec virulence aux politiques culturelles et à l’hypocrisie qui règne en maîtresse rue de Valois. Les personnages qu’il dépeint, d’un premier abord immensément libres, se révèlent être des figurines brisées par l’ambition, par l’envie et la recherche effrénée de plaisir et de vengeance.
Les Parisiens, Olivier Py, Editions Actes Sud, 544 pages, 16,99€.
Date de parution : 17 août 2016
Visuel : © DR