Fictions
Les évaporés, un portrait poétique du japon après Fukushima par Thomas B. Reverdy

Les évaporés, un portrait poétique du japon après Fukushima par Thomas B. Reverdy

27 July 2013 | PAR Yaël Hirsch

Prix Valery Larbaud pour son troisième roman, “Les Derniers Feux” (Seuil, 2008), Thomas B. Reverdy nous transporte avec poésie dans le Japon d’aujourd’hui dans son dernier roman “Les évaporés”. Un coup de cœur de cette rentrée littéraire.

les évaporés - reverdy - flammarionSur un coup de téléphone de sa maman, Yukiko,  jeune-femme japonaise de Los Angeles décide de rentrer au Japon où elle n’est plus retournée depuis plus de 10 ans. En effet, à la veille de sa retraite, son père a disparu sans laisser de trace. Traditionnellement, les “évaporés” ou “Johatsu” sont des hommes et des femmes qui pour survivre ( à des dettes de jeu par exemple) préfèrent disparaître. Ils laissent alors leur famille dans le déshonneur. Qu’est- ce qui a pu pousser ce bon père de famille à devenir Johatsu après 35 ans de mariage? Yukiko emmène avec elle un homme américain, transi d’amour pour elle, et dont le métier est détective privé.

Par le biais de Richard B. l’enquêteur américain un peu poète (Reverdy s’est inspiré de la figure de Richard Brauman, homme de lettres américain ayant vécu au Japon dans les années 1970 dont il cite certains poèmes), l’enquête des “évaporés” porte plus sur le Japon d’aujourd’hui, où les yakuzas tiennent aussi les rênes de la finance, après la décennie perdue et où la catastrophe de Fukushima a aussi fait un appel d’air question reconstruction et emploi. Plus mystérieux, le personnage de Yukiko, permet néanmoins de mesurer ce qu’elle a fui dans les rapports hommes/femmes pour préférer vivoter en job de serveuse et petits jobs à LA. Un beau livre, profond, rempli d’échos et de fantômes. Les fragments et les questions, ainsi que l’utilisation indifférente des documents et de la fiction sont probablement la voie royale pour partir à l’assaut d’une île aussi fascinante…

THomas B. Reverdy, “Les évaporés”, Flammarion, 303 p., 19 euros. Sortie le 21 août 2013.

Yukiko a tenu un an sans donner de nouvelles. Quand elle est rentrée, son père l’a serrée si fort contre lui, il a été si reconnaissant et désemparé, incapable du moindre reproche, incapable de quoi que ce soit d’autre que de la prendre dans ses bras, sur le pas de la porte où il se tenait lorsqu’elle est réapparue, comme s’il avait pressenti sa venue ou comme s’il l’avait attendue là pendant un an, son père dont elle n’a jamais sur percer les sentiments, si fragile soudain, par amour pour elle, qu’elle a éclaté en sanglots dans ses bras. Et c’est peut-être la seule fois, alors qu’elle venait brutalement de devenir adulte, qu’elle sentit ce que c’était que d’être une enfant“. p. 47

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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