
“Le maître Bonsaï”, une rencontre à fleur d’écorce, par Antoine Buéno
L’auteur du Soupir de l’immortel (Eho, 2009) et du Petit livre bleu, analyse de la société des Schtroumpfs (Pocket, 2011) et fondateur du prix du style, se penche sur une rencontre méticuleuse. Un roman profond où le passé résonne avec une violence à la hauteur du zen du maître Bonsaï.
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Maître Bonsi s’est retiré de” l’ordre du règne” pour se consacrer exclusivement à l’art du Bonsaï. Seul avec ses arbres, il médite et ressent presque aussi peu de choses que les petits compagnons qu’il taille selon les règles de l’art. Jusqu’au jour ou une boule d’énergie féminine : hystérique, anorexique, écologiste et très bavarde, vient troubler sa quiétude. Laconique mais tout de même humain, Maïtre Bonsi offre à la femme un petit arbre. Mieux, il lui propose de lui apprendre à s’en occuper. Si les questions de l’apprentie maîtresse Bonsaï sont souvent à côté du sujet, l’ascète commence à attendre ses visites et à revoir certaines images de son passé enseveli.
D’une écriture sobre et profonde, ménageant avec autant de maîtrise que le héros de son livre le rythme du texte et la puissance croissante des images, Antoine Buéno livre un texte à la fois terrible et plein d’espoir sur la rencontre. Un roman original, qui cache le feu du romantisme sous son écorce parfaitement travaillée d’étude minutieuse de l’art du Bonsaï. Un très beau livre.
Antoine Buéno, Le maître Bonsaï, Albin Michel, 175 p., 15 euros. Sortie le 6 mats 2014.
“Je ligature un aulne. C’est un jour ordinaire. le ligaturage est un art. l’art de faire plier les êtres. Je lie l’aulne. Je l’enlace de fil de fer. Du tronc jusqu’aux branches principales. Il faut placer le fil de fer régulièrement. En spirale. je respecte le linéament du tronc et des branches. Je respecte l’aulne. Je le serre. Il faut serrer le sujet. L’aulne. Pour le forcer à prendre la forme recherchée. C’est un jour comme un autre“. p. 39.
visuel : couverture du livre.