La mémoire du monde : Stéphanie Janicot fait parler une ancestrale immortelle
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L’auteure des Matriochkas et de Dans la tête de Shéhérazade est de retour avec un gros roman à la fois historique et littéraire chez Albin Michel. La mémoire du monde est le récit de 1200 ans “vécus” par une noble égyptienne rendue immortelle au 14ème siècle avant Jésus Christ… Un long et beau portrait de femme. En librairies depuis le 7 novembre 2013.
Merit est une jeune égyptienne de sang noble, provinciale, et qui parvient à devenir la femme de l’homme qu’elle aime. Née en temps de paix, choyée et protégée par sa famille, jeune mère d’une petite Mériam, son univers bascule le jour où des sbires de la méchante reine viennent tenter de soutirer à son grand-père la potion d’immortalité qu’il a réussi à mettre au point sur ordre d’Aménophis III. Elle avale alors précipitamment la potion et assiste, comme morte, à l’assassinat de son aïeul. Découvrant que son mari s’est suicidé, Merit entame alors une longue vie de matriarche, où son corps froid, éternellement lisse et sans odeur, ne dort ni ne mange plus. Mais où elle continue à aimer certaines rares personnes, à engranger du savoir et à le transmettre à ses descendants parmi lesquels on trouve, entre autres, le Moise des Hébreux. Prenant divers noms en fonction des pays où elle vit, Merit vit son immortalité comme une longue malédiction, et en même temps, elle détient une autre dose de potion qu’elle hésite à proposer à certains êtres exceptionnels comme son amie la prophétesse Déborah…
Réécrivant de manière hétérodoxe l’histoire de Thèbes, Jérusalem et Athènes, et n’hésitant pas à faire passer le début de la Bible pour le fruit de l’imagination fertile de cette nouvelle Shéhérazade qu’est Merit, Stéphanie Janicot livre une somme touffue et très agréable à lire, qui permet de traverser des civilisations passionnantes avec pour guide : une femme. Qui est en plus un personnage fort sympathique. Avis aux fans de sagas : interrompu par le dialogue de l’héroïne avec un descendant qui a … accès à internet, l’ouvrage ouvre grand la porte à plusieurs autres volumes de mémoire du monde…
Stéphanie Janicot, La mémoire du monde, Albin Michel, 576 p., 25 euros. Sortie le 7 novembre 2013.
“Toute ma confiance en l’homme m’est venue en cet instant, lorsque j’ai accepté de déposer le secret de mon existence entre les mains d’un mortel. Dès lors, je n’ai plus envisagé l’avenir dans la réclusion mais dans l’alliance.” p. 135.