
Génération A : Douglas Copland fait un buzz futuriste
L’auteur canadien du best-seller “Génération X” est de retour au diable Vauvert en cette rentrée 2013 avec une fable électrique sur un monde sans pollen. Ou Presque…
Dans un futur proche, les abeilles ayant disparu, les végétaux cessent de croître et se multiplier et une simple pomme flapie devient un objet de luxe fou. Soudainement aux 5 coins du monde, cinq personnes d’âges et milieux très divers se font piquer en même temps pas l’insecte qu’on croyait disparu. Le service d’ordre planétaire intervient immédiatement et les hospitalise. Le retour à la maison est difficile pour certains, délicieux pour les plus dragueurs car ils sont tous devenus des stars absolues, les médias ayant ébruité pendant la quarantaine leur extraordinaire aventure de piqûre d’une bête qu’on croyait disparue. Les 5 élus parviennent peu à peu à entrer en contact pour élucider le mystère de leur mésaventure.
Douglas Copland revient à la lettre A de l’alphabet pour mieux se référer à son cultissime “Génération X”. On plonge dans sa langue on met les doigts dans la prise. Une électrocution au parler oral et lucide qui est fort plaisante dans l’excellente traduction de Christophe Grosdidier. On s’attache aux personnages juste ce qu’il faut mais pas trop car ils ont tout l’air de parler sur le même ton, malgré leurs différences apparentes; et le suspense est d’une densité parfaite, nous laissant tout le temps de goûter les attaques violentes de l’auteur contre nos sociétés bien présentes et de savourer les mots qu’il met dans la bouche de ses personnages. Un coup de fouet dont il ne faut pas se priver.
Douglas Copland, “Génération A”, traduction de Christophe Grosdidier, Au Diable Vauvert, 360 p., 20 euros. parution le 12 septembre 2013.
“La Suisse ressemblait à la pire drogue du monde. J’aurais aussi bien fait de rester dans la chambre aseptisée, où, au moins, je pouvais profiter de leur brouillard narcotique pour trouver le temps moins long. Les Genevois ont des visages grassouillets, des gens qui ont encore l’air de manger comme avant la crise de la pollinisation. Quel lourd secret cachent-ils? Ils doivent tous avoir des esclaves sexuels moribonds enfermés dans leur cave, avec des boules de caoutchouc dans la bouche, ou un truc honteux et tordu. Ma grand-mère est complètement gâteuse et ne se rend même pas compte que les abeilles ont disparu, d’où son incapacité à gérer mon problème de quelque façon que ce soit.” p. 148.