Fictions
« Ubik » de Philip K. Dick : Nouvelle traduction du chef-d’œuvre de la science-fiction

« Ubik » de Philip K. Dick : Nouvelle traduction du chef-d’œuvre de la science-fiction

27 December 2022 | PAR Julien Coquet

Considéré comme le chef-d’œuvre de Philip K. Dick, Ubik sort de nouveau aux éditions J’ai lu, dans une nouvelle traduction de Hélène Collon.

Auteur difficile que Philip K. Dick, miné par la paranoïa et pourtant considéré, à juste titre, comme l’un des plus grands auteurs de science-fiction. Souvenez-vous, Emmanuel Carrère exprimait toute l’admiration qu’il portait à l’auteur américain dans Je suis vivant et vous êtes morts. Deux des grands thèmes de Dick sont : « qu’est-ce qu’être humain ? » (et on se rapportera ici à Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? adapté au cinéma sous le titre de… Blade Runner) et « qu’est-ce que le réel ? », dont Ubik est l’un des dignes représentants.

Ecrit en 1966, Ubik arrive après quatorze romans et quatorze nouvelles. Philip K. Dick est dans une bonne période, la fin de sa période « classique » selon la postface de Laurent Queyssi. De grands romans sont déjà venus, parmi lesquels Le Maître du Haut Château, Le Dieu venu du Centaure ou encore Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?. En 1966, Dick arrive « au bout de ses expérimentations avec le canevas de la science-fiction traditionnelle, tout d’abord, et de son cortège de robots, de télépathes et de planètes ». Ubik marque un tournant dans l’œuvre de Dick, et quel tournant.

Le roman s’intéresse à l’agence anti-psi Runciter & Associés dont l’objectif est de contrer toute intrusion psychique, notamment des télépathes et des précogs. Menée par Glen Runciter, la fine équipe de l’agence se rend sur Luna pour mener une mission délicate, mais une bombe éclate et le patron se retrouve dans un état situé entre la vie et la mort. Joe Chip prend alors la tête de l’équipe et rapatrie le corps de Glen Runciter au Moratorium des Frères Bien-Aimés. Mais les signaux étranges se multiplient : des agents disparaissent, la technologie régresse et le nom d’ « Ubik » revient étrangement comme un leitmotiv.

N’ayons pas peur des mots : Ubik est un chef-d’œuvre. La richesse de l’imagination de Philip K. Dick force l’admiration, tant ce qu’on peut y lire semble nouveau, né d’un esprit fertile. On croise notamment dans Ubik des portes que l’on peut ouvrir seulement en payant, des précogs capables de voir l’avenir, des caissons qui permettent de garder dans un état de semi-vie des morts… Peut-être un peu compliqué pour un néophyte en science-fiction, Ubik demeure l’une des œuvres les plus intrigantes et passionnantes de Philip K. Dick.

« Le début…, répéta Runciter d’un ton acerbe. Qu’est-ce que ça veut dire, au juste ? Ca a commencé il y a des mois, des années peut-être. Dieu sait depuis quand Hollis, Stanton Mick, Pat Conley, S. Dole Melipone et G.G. Ashwood mijotaient cette affaire en la pétrissant inlassablement comme de la pâte. Je vais vous dire, moi, ce qui s’est passé. On nous a attirés sur Luna, et nous sommes tombés dans un piège. Et nous avons laissé Pat Conley nous accompagner, une fille que nous ne connaissions même pas, dotée d’un pouvoir que nous ne comprenions pas. Si ça se trouve, même Hollis n’en saisit pas toute la portée. Cette façon d’inverser le temps et non d voyager dans le temps à strictement parler. Par exemple, elle ne peut pas aller dans l’avenir. En un sens, elle ne peut pas non plus retourner dans le passé ; pour autant que je sache, elle déclenche un contre-processus qui dévoile les stades antérieurs inhérents à la structure de la matière. »

Ubik, Philipe K. DICK, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hélène Collon, Editions J’ai lu, Collection Nouveaux millénaires, 256 pages, 18 €

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Julien Coquet

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